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Avec l’artiste numérique Hugo Arcier, le metteur en scène Cyril Teste met au point une expérience immersive en réalité virtuelle. Dans Éden, notre regard, notre contemplation construisent une forêt qui sert de cadre à une fable.
Le sujet d’Éden, la Nature, semble à première vue éloigné des thématiques qui traversent les performances filmiques que vous créez avec votre Collectif MxM : le monde du travail, la famille et ses secrets, les rapports intime/politique… Comment cette création est-elle née ?
Cyril Teste : L’idée d’Éden nous est venue, à Hugo Arcier et à moi, suite à la proposition de Salvador Garcia, directeur de Bonlieu, scène nationale d’Annecy dont je suis artiste associé de longue date, de créer une forme pour son festival Annecy Paysages. Hugo Arcier, avec qui je travaille depuis longtemps, et moi-même avons tous les deux grandi près de la nature, l’un dans l’Aveyron, l’autre dans le Vaucluse. Étant aussi de la génération qui a vu apparaître puis se développer les jeux vidéo, nous avons voulu proposer une expérience singulière de la nature grâce à un dispositif de réalité virtuelle.
Quel est ce dispositif, et quelle place l’utilisateur a-t-il dans ce cadre ?
C.T. : Les utilisateurs, assemblés en deux groupes de cinq personnes, sont munis de casques de réalité virtuelle. Grâce à son regard, chacun va remplir en temps réel d’arbres, de fleurs, la page blanche initiale. Chaque groupe aura ainsi sa propre forêt, qui ne ressemblera à aucune autre.
En quoi est-il pour vous particulièrement intéressant d’aborder la nature par ce qu’on a tendance à lui opposer, la technologie ?
C.T. : Depuis les années 80 jusqu’à une période récente, nous avons vécu le passage d’une ère mécanique à une ère numérique, dite aussi digitale. Cette révolution a complètement modifié notre manière de penser et de rêver. Laquelle est devenue arborescente, rhizomatique, comme l’est aussi la pensée digitale. Notre objectif avec cette création n’est pas de porter un propos écologiste, mais de développer un langage poétique. Ce qui ne nous empêche pas d’être persuadés que l’expérience virtuelle peut avoir une influence sur le regard que l’on porte au réel. En l’occurrence, elle peut révéler la beauté de la forêt que l’on a peut-être moins l’habitude de voir.
Vous insistez sur la part de contemplation dans l’expérience offerte à l’utilisateur.
C.T. : En effet, parce que la notion de temps y est centrale. Le développement de la forêt d’Éden dépend de la durée que l’on passe à la regarder. Pour accompagner l’utilisateur dans la nature merveilleuse qu’il contribue à développer, nous avons aussi travaillé avec le créateur olfactif Patrick Kurkdjian, un autre collaborateur de longue date. Des membres de ma compagnie MxM ont aussi participé à cette création onirique et à la pointe des nouvelles technologies.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
de 18h à 20h, et les samedis de 15h à 20h. Tel : 01 56 08 33 88. www.lemonfort.fr
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