Draw from within de Wim Vandekeybus

C’est souvent l’inverse : une pièce de danse devient la matière d’une création vidéo, donnant lieu à une écriture spécifique pour la caméra. Ici, c’est à l’aune des bouleversements de l’année 2020 qu’est né le projet Draw from within. Il s’agissait alors de présenter, durant le confinement, une performance filmée conçue pour les écrans, nourrissant l’appétit nouveau du public pour les pratiques culturelles numériques. Une réussite, quand la caméra s’intègre à la danse et vole dans l’espace ! Aujourd’hui, célébrer les retrouvailles avec la scène et le public passait nécessairement par la reconstruction du projet. C’est ainsi que la pièce, écrite pour l’image, renaît sur les planches et dans un rapport frontal sous la conduite d’un Wim Vandekeybus survolté.

Une pièce comme un souffle de vie

La Rambert Dance Company elle-même s’en donne à cœur joie pour exprimer toute la force d’une chorégraphie « live ». La prestigieuse compagnie, située au cœur du Sadler’s Wells Theater de Londres, a beau être la plus ancienne troupe britannique, elle a parfaitement réussi sa mue contemporaine et fait vivre en son répertoire les plus grands auteurs de notre siècle. Pour Draw from within, les dix-neuf danseurs ont parfaitement joué le jeu de la danse de Vandekeybus à la fois exubérante, libre, exaltée… Les voici embarqués dans des rituels où la vie et la mort dialoguent comme deux sœurs, entre rêve et cauchemar. Une fête bat son plein, mais apporte son cortège d’individus, voire de créatures, où les jeux de rôles viennent sans cesse rebattre les cartes. Les bouleversements du monde s’inscrivent dans les recoins de chaque corps, et montrent comment chacun peut puiser dans ses ressources intérieures pour traverser les crises.

Nathalie Yokel