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Danse - Critique

Dix ans après sa création, Christian Rizzo reprend « d’après une histoire vraie », partition emblématique palpitante

Dix ans après sa création, Christian Rizzo reprend « d’après une histoire vraie », partition emblématique palpitante - Critique sortie Danse Paris Le Centquatre
Crédit : Marc Domage d’après une histoire vraie de Christian Rizzo

Le Cent-Quatre / Chorégraphie Christian Rizzo

Publié le 22 octobre 2024 - N° 326

Dix ans après sa création, Christian Rizzo reprend d’après une histoire vraie, partition emblématique palpitante à la croisée du corps et de la mémoire.  

d’après une histoire vraie raconte l’histoire d’une sensation et de son inscription dans les replis d’un inconscient. À la croisée exacte du corps et de la mémoire, celle de Christian Rizzo qui voit à Istambul en 2004, « une bande d’hommes qui exécute une danse folklorique très courte et disparaît aussitôt », comme surgie de nulle part, et déclenche chez lui une émotion inconnue, presque archaïque mais persistante. Prenant donc un point aveugle pour point de départ l’œuvre se déploie comme on déplierait les méandres du désir, ou du souvenir. Aussi obscurs. Remontant alors le cours du temps à la recherche de l’émotion originelle, il perçoit que seule une fiction vibratile peut venir combler le vide de la sensation perdue et ressusciter la vivacité du trouble ressenti. d’après une histoire vraie tisse littéralement des bribes chorégraphiques qui empruntent au folklore méditerranéen tout en plongeant profondément dans l’univers étrange et palpitant de Christian Rizzo.

Transe actuelle

Sur le plateau entrent un à un les huit danseurs, chacun se glissant dans la gestuelle de son prédécesseur et l’augmentant d’une nouvelle posture. La composition se complexifie, entrelaçant les chandelles et les appuis bancals chers à Rizzo à des mouvements venus d’ailleurs : mains croisées derrière le dos pour une marche sans fin, hommes qui se tiennent par l’épaule et s’alignent, paumes qui se tournent vers le ciel… Soudain les deux batteries tenues par le compositeur Didier Ambact et King q4 déferlent. Sur un seul et même morceau aux confins de la musique tribale, du rock psychédélique et du dub, les batteurs déclenchent rafales et chaos. Leurs percussions délivrent les corps et déchaînent soudain les passions. Les danseurs vrillent, sautent, s’échappent et reviennent au groupe dans des voltes sourdes, jaillissent, se réunissent et se dissolvent dans de fiévreuses ondulations redonnant vie à cette effraction du regard. Et ce n’est pas la transe, virile, pulsionnelle, qui saisit ces hommes en grappe qui pourra calmer les images qu’ils font éclater à la surface de la scène.  Pour être primitive, elle n’en est pas moins profonde. Comme l’ombre qui finit par envahir le plateau.

Agnès Izrine

A propos de l'événement

d'après une histoire vraie
du jeudi 7 novembre 2024 au samedi 9 novembre 2024
Le Centquatre
5, rue Curial, 75019 Paris

à 21h. Tél. : 01 53 35 50 00.  Durée : 1h. Spectacle vu en 2013 au Festival d’Avignon.

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