Deux pièces de Dairakudakan à Paris

La compagnie Dairakudakan (littéralement « le grand vaisseau du chameau ») a été créée en 1972 par Maro Akaji, formé par le grand maître du butô Tatsumi Hijikata. Artiste touche-à-tout, acteur autant que danseur (70 films à son actif, dont des collaborations avec Quentin Tarantino ou Takeshi Kitano), Maro Akaji s’affirme comme un porte-drapeau du butô même s’il ose sur scène de savoureux mélanges. C’est par exemple avec le musicien techno déjanté Jeff Mills qu’il fêtait, il y a peu, les quarante ans de sa compagnie. De retour à la Maison de la Culture du Japon, il présente deux pièces : pour l’une, il a laissé les rênes de sa compagnie à Takuya Muramatsu, fidèle interprète et figure importante du groupe.

Un parcours entre hier et aujourd’hui

C’est pour le chorégraphe une façon de mettre en œuvre son concept de « Ichinin Ippa », autrement dit « un danseur, une école », afin de transmettre chez chacun le désir de créer et de trouver ses propres voies d’expression. A l’inverse, l’autre pièce le met en scène pour une plongée abyssale dans sa propre histoire de corps. Symphonie M est un solo qu’il interprète sur la Cinquième Symphonie de Mahler. Reprenant à son compte l’esthétique blanche et crayeuse du butô, il orchestre sa vie même devant un chœur de quinze danseurs, offrant son corps comme un livre ouvert sur cinquante ans de scène.

Nathalie Yokel