Carmelo Agnello met en scène « L’Échange » de Paul Claudel
Un nouveau monde face à un monde ancien : au [...]
Pour sa première mise en scène au Français, Lorraine de Sagazan traque, avec Guillaume Poix, les secrets du silence en un rituel d’amour et de mort inspiré de l’œuvre d’Antonioni.
« Antonioni participe de la révolution néoréaliste, mais, en même temps, il interroge la forme et renouvelle la dramaturgie. Dans ce que Godard nommera « le drame paysager », il crée un cinéma du comportement plutôt que des événements, et, dans une forte dimension plastique, travaille sur le monologue intérieur. J’ai choisi de traquer le mouvement de pensée d’Antonioni, en écrivant à sa manière, en m’inspirant de ses thèmes de prédilection : la disparition, la recherche de la vérité, le manque d’amour, le temps qui passe. J’ai éprouvé la nécessité de faire un théâtre qui laisse le spectateur terminer l’œuvre. « Les spectateurs ne doivent pas être attentifs mais disponibles », dit-il. Je voulais aussi venir à la Comédie-Française avec un geste radical plutôt que patrimonial.
Accès direct à l’intériorité
Avec Romain Cottard et Guillaume Poix, nous avons commencé par écrire une situation, puis, depuis quelques mois, nous retrouvons les comédiens pour des improvisations. Le spectacle naît de ces allers-retours. Je trouve qu’on parle trop au théâtre. Ce qui nous intéresse chez Antonioni, c’est le silence. Mais faire silence n’est pas la même chose que se taire. Guillaume Poix a écrit des monologues intérieurs : ainsi la parole est partout, mais au plateau, elle sera tue. Cela implique aussi un travail sur la lenteur. L’exercice est difficile car la parole est souvent un masque, un refuge. C’est sur cette mise à nu que je travaille avec ces acteurs immenses. Loin d’un concept froid, ce mutisme s’avère une expérience sensible, organique, d’absolue proximité et d’intimité sidérante. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Mardi à 19h ; mercredi au samedi à 20h30 ; dimanche à 15h. Tél. : 01 44 58 15 15.
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