Falk Richter / I am Europe
Auteur associé au TNS depuis 2015, Falk [...]
Dans Cléopâtre in love, Judith Henry et Christophe Fiat revisitent le personnage de Cléopâtre, naviguent entre mythe et réalité. Explications.
Pourquoi vous êtes-vous intéressés à Cléopâtre ?
Judith Henry et Christophe Fiat : Cléopâtre était la reine d’une très grande puissance mondiale, une très bonne diplomate et cheffe de guerre, une amoureuse aussi, et l’Histoire en a fait une simple séductrice. Sa légende, comme celle de beaucoup de femmes, a été façonnée par la domination masculine.
S’agit-il de réhabiliter son image ?
J.H. et C.F. : Il s’agit plutôt de se promener sur la rive de sa légende. Dans notre dispositif, un archéologue commence une conférence en annonçant qu’il a retrouvé le tombeau de Cléopâtre. Il veut porter son histoire, très phallocentrique. Puis Cléopâtre arrive, comme une revenante, et elle l’interrompt. On reconstruit tout, à partir du regard que Cléopâtre porte sur l’image que l’Histoire a donnée d’elle.
Quelles sont les caractéristiques de cette image ?
J.H. et C.F. : Les Romains en ont fait une femme facile, capricieuse, qui charmait les hommes pour accéder au pouvoir. Puis, au Moyen-Age, on lui a attribué les traits d’une avorteuse, d’une empoisonneuse et d’une voyante. Dans un traité sur les sorcières de l’Inquisition, on écrivait que c’était la pire des femmes parce qu’elle s’était mêlée de politique.
Il existe aussi toute une imagerie autour de Cléopâtre dans les arts…
J.H. et C.F. : Oui. Il y a notamment le fameux Antoine et Cléopâtre de Shakespeare qui s’est largement inspiré des écrits de Plutarque. Et, bien sûr, Liz Taylor dans le film génial de Mankiewicz, qu’on voit souvent en petite tenue, et qui change quand même 65 fois de robe dans tout le film. On a aussi retrouvé une quarantaine de chansons autour d’elle. On entendra par exemple dans le spectacle un rap sur Cléopâtre ainsi qu’une chanson espagnole au titre évocateur : Cleopatra la reina del twist !
Serez-vous tous les deux sur scène ?
J.H. et C.F. : Absolument. Nous avons bâti cette histoire ensemble, nous y travaillons depuis trois ans, avec Ingrid Cottanceau comme regard extérieur, et nous voulions être tous les deux sur scène. Mais nous n’interpréterons pas de personnage. Nous ne serons pas dans l’incarnation.
Pourquoi ce titre de Cléopâtre in love ?
J.H. et C.F. : Parce que Cléopâtre était une amoureuse et qu’elle aimait aussi beaucoup exercer le pouvoir, ce qu’elle faisait avec beaucoup d’habileté. Ce spectacle est plein d’humour. On voulait lui donner une petite couleur pop tout en lançant une fausse piste. Car dans ce spectacle, on parle finalement assez peu d’amour.
Propos recueillis par Eric Demey
du mercredi au vendredi à 20h. Tel : 01 48 70 48 90
Auteur associé au TNS depuis 2015, Falk [...]