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Avignon / 2022 - Entretien / Marie Vialle
Fidèle à l’univers littéraire de Pascal Quignard, Marie Vialle adapte à la scène Dans ce jardin qu’on aimait, roman publié par l’écrivain en 2017. Au côté de Yann Boudaud, la comédienne et metteuse en scène éclaire l’existence d’un pasteur américain du XIXème siècle qui transcrivait le chant des oiseaux en notes de musique.
Qui est Simeon Pease Cheney, l’homme dont la vie a inspiré à Pascal Quignard son roman Dans ce jardin qu’on aimait ?
Marie Vialle : C’est un pasteur américain du XIXème siècle qui a écrit un livre intitulé Wood Notes Wild – Notations of Bird Music dans lequel il a consigné des observations sur la nature, mais aussi des partitions écrites à partir du chant des oiseaux, du bruit du vent, du son que font les gouttes de pluie lorsqu’elles tombent dans un seau…
Quelle trame narrative Pascal Quignard a-t-il imaginée à partir de cela ?
M.V. : Simeon Pease Cheney a vraiment existé, il a vraiment écrit cet ouvrage. Mais Pascal Quignard lui a inventé une fille, que j’interprète. Yann Boudaud, lui, incarne ce pasteur musicien. Dans ce jardin qu’on aimait raconte que l’épouse de cet homme meurt en couches en donnant naissance à leur fille, Rosemund. Quand cette dernière atteint l’âge qu’avait sa mère lorsqu’elle est morte, son père la chasse de chez lui. Simeon continue son existence de deuil à l’intérieur d’un jardin dans lequel sa femme passait tout son temps. Il s’isole complètement du reste du monde, vit seul avec le souvenir de son épouse. C’est là, dans cet espace bucolique, que petit à petit il s’ouvre aux sons qui l’entourent, aux bruits de la nature qu’il écoute et qu’il retranscrit. Dans l’adaptation que j’ai réalisée avec David Tuaillon, j’ai croisé le texte de Pascal Quignard avec le livre de Simeon Pease Cheney. Cela, afin de donner à entendre sur scène, par le biais de chants, les partitions qui apparaissent dans Wood Notes Wild.
Quel univers esthétique avez-vous imaginé pour ce spectacle ?
M.V. : Ma scénographe, Yvett Rotscheid, a conçu un espace extrêmement sensible, un espace intermédiaire qui est à la fois un laboratoire, un endroit de travail, et un jardin. Finalement, le jardin dans lequel s’enferme Simeon est presque le personnage principal du spectacle. C’est d’abord l’endroit de sa femme, puis ça devient le sien, et ça finit par être celui de sa fille. Il y a ici quelque chose de l’ordre de la transmission qui me touche beaucoup.
Qu’est-ce qui a été déterminant dans votre envie de voir Yann Boudaud incarner le personnage de Simeon ?
M.V. : Cette envie a tout de suite été une évidence, pour moi. J’aime beaucoup la singularité de Yann, bien sûr, mais aussi son jeu très incarné, très charnel, et enfin sa grande fantaisie. La liberté dont il fait preuve est également l’une des choses constitutives de l’écriture de Pascal Quignard.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 22h, relâche le 12 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30.
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