Oh Louis… we move from the ballroom
Et si Louis XIV revenait en France, en 2017, [...]
Créée à Suresnes Cités Danse en janvier 2017, Dakhla d’Abou Lagraa offre une vision de la danse universelle, enrichie par le métissage des cultures.
Le fort des halles et la frêle danseuse. Digne d’une fable, ce duo reste l’image forte de Dakhla, dernière création signée Abou Lagraa. Nassim Feddal travaillait dans un cyber café d’Alger avant de rencontrer Abou et d’intégrer le Ballet contemporain d’Alger fondé par le chorégraphe en 2010. Amel Sinapayen, mi-algérienne, mi-réunionnaise, a été engagée par Nawal Lagraa, la femme d’Abou, lors de la création de Do you be ? Le couple est emblématique de cette création tout en contrastes et en oppositions. Dakhla (« entrée » en arabe, mais aussi une ville sur le côté atlantique du Maroc) est conçue comme un lieu de rencontres et de métissages, et voyage à travers trois villes portuaires : Alger, New-York, et Hambourg.
Un hymne à la joie
Avec quatre interprètes venus d’horizons différents, Dakhla joue de dynamiques, de musiques et de gestuelles divergentes, mixant la danse contemporaine et le hip-hop, la mélodie chaâbi arabo-andalouse et la sonorité funk de Prince, ou les meilleurs sets du DJ techno expérimental Mike Dehnert. Mais l’essentiel est ailleurs. Avec une danse à la fois féline et virtuose, la pièce est une ode à la liberté et à l’espoir. Abstraite mais bourrée de joie de vivre. L’écriture chorégraphique, tout en plénitude et en déliés, dessine une œuvre unique et célèbre le goût du mouvement. Conjuguant ondoiements sensuels et accélérations précises, pulsations orientales et fulgurances électriques, le quatuor traverse toutes sortes d’esthétiques avec bonheur. L’Italo-sénégalais Ludovic Collura aussi souple qu’aérien se fait plus léger que l’air. La Franco-libanaise Diane Fardoun se montre plus fluide qu’une rivière. Le langage d’Abou Lagraa, c’est la danse, et peu importent les figures qui lui sont attachées. Dakhla est aussi une porte ouverte sur le monde, et affirme l’engagement du chorégraphe en faveur de la libre circulation des êtres et des idées.
Agnès Izrine
à 20h45. Tél. : 01 46 61 36 67. Spectacle vu au Théâtre de Suresnes Jean-Vilar. Durée : 1h.
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