La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Cyrano

Cyrano - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête
Roxane (Morgane Nairaud) et Cyrano (Eddie Chignara). Crédit : DR

Théâtre de la Tempête/ d’Edmond Rostand / mes Lazare Herson-Macarel

Publié le 24 novembre 2018 - N° 271

Avec Eddie Chignara dans le rôle-titre, Lazare Herson-Macarel crée une mise en scène centrée sur le jeu des acteurs, débordant d’énergie et mêlant les registres.    

Il faut du panache – mot sur lequel d’ailleurs se termine ce morceau de bravoure dramatique – pour s’emparer de cette comédie héroïque et populaire, dont le héros touche au mythe. Héritier de tant de figures romanesques et dramatiques, de Quasimodo à Don Quichotte en passant par Alceste ou d’Artagnan, personnage également attaché à la personnalité historique du véritable Cyrano, Hercule Savignien Cyrano de Bergerac, soldat et poète, noble gascon éclairé, disciple de Gassendi, célèbre épicurien de son temps, ce Cyrano d’Edmond Rostand est un sommet qui reste un défi. Le jeune metteur en scène Lazare Herson-Macarel relève le gant «  parce que donner cette pièce », dit-il, «c’est toujours donner une fête populaire au véritable sens du terme, fête pour un festin de mots, d’intelligence, d’énergie vitale, de jubilation pure ». L’intention festive explose sur le plateau avec cette troupe de jeunes comédiens. Pleins d’une énergie débordante, les dix acteurs investissent leurs personnages avec une ardeur touchante ; ils font plier l’alexandrin au rythme de l’expression de leurs sentiments et de leurs actions, au risque d’en faire trop dans l’exaltation du mélange des registres.

Une profusion de jeux de contrastes

 Comment maîtriser cette fantaisie poétique néoromantique ? C’est l’enjeu principal de la scénographie d’Ingrid Pettigrew. Le décor modulable, manipulé à vue par les acteurs eux-mêmes, est conçu pour neutraliser les effets du non respect des règles classiques, auxquelles seule l’unité d’action fait exception. Echafaudé à partir d’éléments usuels (tables, chaises) privés de style particulier, rehaussé de deux lustres baroques suspendus aux cintres, mis en mouvement par de grands panneaux verticaux de bois clair posés sur roulettes, le décor, dans son épure, donne au jeu la priorité. Il met également en relief, par effet d’opposition, les fantaisies de la rencontre des genres voulues par le metteur en scène. En témoignent les costumes, lesquels mêlent audacieusement le registre d’époque et celui du cabaret, les plumets et les paillettes. De même la musique, dont la partition fait dialoguer sur scène une batterie et une viole de gambe. De même encore les effets de lumière, dont les variations contrastées jouent sur toute la gamme des possibles. Dans ce Cyrano qui flirte avec l’outrance, à laquelle le nez du héros invite en servant de métaphore, tout est donné à l’envi jusqu’à l’excès lié à cette générosité et à cette flamme propres à la fougue de la jeunesse. Au cœur du dispositif, Eddie Chigagna tient rigoureusement le rôle-titre. Une belle réponse du metteur en scène à cette question primordiale que pose Cyrano : celle de son interprète.

Marie-Emmanuelle Galfré

A propos de l'événement

Cyrano
du jeudi 15 novembre 2018 au dimanche 16 décembre 2018
Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvre,Cartoucherie 75012 Paris

A 16 h les dimanches et 20 h du mardi au samedi, relâche les lundis. Rens 0143283636.

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