La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2018 - Entretien / Frédéric Fisbach

Convulsions

Convulsions - Critique sortie Avignon / 2018 Avignon Avignon Off. Théâtre des Halles
Frédéric Fisbach CR : DR

Théâtre des Halles / texte de Hakim Bah / mes Frédéric Fisbach

Publié le 22 juin 2018 - N° 267

Artiste associé au Festival d’Avignon 2007, Frédéric Fisbach invite aujourd’hui à la découverte de l’écriture d’Hakim Bah qui, dans Convulsions, revisite Sénèque.

Pourquoi vous êtes-vous saisi des écrits d’Hakim Bah ?

Frédéric Fisbach : Hakim Bah est un très jeune auteur qui a déjà beaucoup écrit. Il a reçu le prix RFI pour ce texte qui est, à mon avis, un de ses plus aboutis. C’est un auteur que nous allons associer à la compagnie. Son écriture bouscule beaucoup de choses. Il est très libre dans la variété des tons qu’il emploie, très subtil dans l’agencement de ses pièces et il n’a pas peur d’affronter les tabous.

Comment cela se traduit-il dans Convulsions ?

F.F. : Dans Convulsions, Hakim Bah s’est servi de la tragédie des Atrides de Sénèque pour y glisser ses obsessions : les violences familiales et conjugales. Et il les enchaîne dans des scènes parfois très courtes, parfois longues, reliées par un fil narratif que tient la voix du narrateur. On y retrouve le meurtre du frère, la femme battue, l’inceste avec la belle-soeur, jusqu’au dîner cannibale… Le tout se déroule aux Etats-Unis, dans un univers très contemporain.

Est-ce violent ?

F.F. : Je suis d’une génération qui se pose beaucoup la question de ce qu’on peut ou pas représenter. Et l’écriture d’Hakim Bah peut effectivement aller jusqu’à donner à entendre des scènes de torture et de meurtre. Il faut alors montrer autre chose, se demander si on a besoin de tout voir pour saisir une situation. Hakim Bah aime à flirter avec les limites du représentable, et il s’autorise tout. Il introduit cette voix du narrateur qui fait dérailler le tragique d’une manière assez jubilatoire, et saute d’un registre à l’autre, fait se côtoyer par exemple un moment de narration pure, scandé, musical et rythmique, tenue par une femme battue, et une scène de vaudeville complètement délirante.

« Hakim Bah aime à flirter avec les limites du représentable. »

Que cherche-t-il à raconter à travers la tragédie de Sénèque ?

F.F. : La dinguerie qui saisit le monde quand la maladie de la possession à tout prix devient le seul guide de l’existence. Tout se passe en famille, mais c’est cela qui se lit de manière évidente, avec ces êtres qui ne parviennent pas à renouer avec ce qui fait d’eux des êtres humains.

Quelles seront vos directions de mise en scène ?

F.F. : J’ai travaillé avec six acteurs qui sont d’origines, de générations et d’horizons très différents. Je veux offrir un maximum de liberté pour brouiller les pistes. Il s’agit de créer un théâtre direct qui réveille le regard du spectateur.

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Convulsions
du vendredi 6 juillet 2018 au dimanche 29 juillet 2018
Avignon Off. Théâtre des Halles
rue du roi René, Avignon

à 19h30. Relâche les 9, 16 et 23. Tel. : 04 32 76 24 51.

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