La Terrasse

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Théâtre - Critique

Conversations avec ma mère

Conversations avec ma mère - Critique sortie Théâtre
Photo : Copyright Brigitte Enguérand Le fils (Didier Bezace) et la mère (Isabelle Sadoyan), les houles d’une complicité à vie.

Publié le 10 novembre 2007

Sur fond de crise économique, Didier Bezace joue la déroute existentielle d’un fils à la fois délicat et compliqué face à la sagesse espiègle et la tendresse maternelle d’Isabelle Sadoyan.

Didier Bezace, le metteur en scène et l’acteur – directeur du Théâtre de la Commune CDN d’Aubervilliers depuis 1997 – est enclin aux spectacles intimistes, comme ces inoubliables Heures blanches d’après La Maladie humaine de Ferdinando Camon en 1984 où, seul en scène, il déroulait le fil autobiographique et réfléchi d’une vie d’homme. Aujourd’hui, Bezace – fils encore et fils toujours – n’est plus seul sur le plateau car l’émotion de la facétieuse Isabelle Sadoyan l’accompagne, figure symbolique d’une mère qui a paradoxalement dû « grandir » loin de son fils. Veuve, âgée, elle a été « remisée » hors de l’activité professionnelle et de la famille de son fils fébrile, soucieux de son statut social de cadre supérieur et apparemment indifférent à son passé. Mais voilà, le monde n’évolue pas forcément selon une courbe économique et sociale ascendante comme on l’a cru trop longtemps.

La tendresse irremplaçable d’une conscience innocente dont le cœur est sur les lèvres.
Des ruptures brutales surviennent à la façon de l’Argentine en 2001 où émeutes et pillages étaient la réponse maladroite d’un peuple à son gouvernement ; Conversations avec ma mère est un film argentin de Santiago Carlos Ovés. Contre toute attente, le chaos s’installe dans la vie en balayant les certitudes obsolètes. Le cadre perd son emploi, ses fonds, son avenir, sa femme et pire, l’amour de ses enfants. Que reste-t-il quand tout s’effondre ? La tendresse irremplaçable d’une conscience innocente dont le cœur est sur les lèvres. Les témoignages d’affection, les cajoleries et les caresses d’une mère propice au déversement des aveux et des confidences. De maladresse en maladresse et d’une visite à l’autre, l’entente entre les deux est reconquise à travers la sociologie nouvelle du partage équitable des richesses. C’est que cette mère joueuse protège un amant « altermondialiste », elle recèle en elle le trésor d’une sagesse malicieuse, sentie à fleur de jour et de peau. Seuls importent à présent les souvenirs d’un gamin sautant pieds joints dans les flaques d’eau. Il faut sourire de tout, et même de la mort redoutée qui accorde encore au fils la présence infinie de la mère avec laquelle il ne cessera de s’entretenir. Beauté et majesté féminines d’Isabelle Sadoyan. Magnifique.
Véronique Hotte


Conversations avec ma mère

Inspiré du film de Santiago Carlos Ovés, mise en scène de Didier Bezace, Laurent Caillon, Dyssia Loubatière, mardi, mercredi, vendredi 21h, jeudi 20h, prolongation jusqu’au 2 novembre 2007 au Théâtre de la Commune à Aubervilliers 93300 Tél : 01 48 33 16 16. Consulter les dates supplémentaires sur www.theatredelacommune.com

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