Semaine dakaroise
Musique et danse africaines se répandent sur [...]
Alors que sa compagnie vient de fêter ses trente ans, Alonzo King fait une halte au Théâtre National de Chaillot. Il y présente Constellation, une œuvre fortement empreinte du travail du plasticien Jim Campbell.
Le nom de sa compagnie Lines Ballet peut prêter à confusion : n’y voyons surtout pas une allusion aux « chorus line » ou autres « danses en ligne » ! La « ligne » prônée par le chorégraphe est une évocation bien plus directe de ce qui nous environne : « La droite et le cercle définissent et englobent tout ce que nous voyons. Tout ce qui peut être vu est formé par une ligne. Les lignes sont présentes partout : dans nos empreintes digitales, la forme de nos corps, les constellations, la géométrie. », explique-t-il. Celui qui fut interprète au New York City Ballet et chez Alvin Ailey n’aime pas définir son style à l’aune d’une référence ou d’un courant de la danse de ballet afro-américaine : « Notre lien ne se limite pas à la race, au sexe, à la couleur, à la religion. Ce serait mettre des œillères que faire des distinctions segmentées sans envisager les choses dans leur globalité ». Alors Alonzo King poursuit son chemin, allant jusqu’au bout d’une danse virtuose à la technique classique assumée, aux élans félins et sensuels qui font sa signature.
Un univers visuel et sonore captivant
Empruntant à la philosophie voire même à la spiritualité pour nourrir son travail et parler de sa danse, il multiplie également les collaborations pour faire de la scène le lieu de rencontres inédites, notamment avec des musiciens. Constellation se situe dans cette veine. Cette pièce créée l’an passé est née de la fascination du chorégraphe pour Jim Campbell, artiste plasticien. Celui-ci s’est largement illustré par un travail de création utilisant les nouvelles technologies, à travers des installations vidéo, des sculptures, des œuvres interactives, manipulant les notions de vision et de perception de l’image. Il a conçu le décor de Constellation comme un support d’images lumineuses avec lesquelles les danseurs peuvent interagir. Un deuxième mur-écran en fond de scène agit sur la perception du spectateur en démultipliant l’espace et le mouvement. Les musiques baroques et contemporaines, la voix de la mezzo-soprano Maya Lahyani, achèvent de plonger le spectateur dans un univers profondément envoûtant.
Nathalie Yokel