Lucie Berelowitsch met en scène « Vanish », un texte de Marie Dilasser
Dans Vanish, écrit par Marie Dilasser en [...]
La metteuse en scène et directrice du Théâtre des Célestins Claudia Stavisky offre l’occasion rare de découvrir sur les planches une œuvre majeure réputée pour sa complexité, signée par l’auteur vénitien Carlo Goldoni. Elle en fait saillir toute l’ambiguïté comique grâce, notamment, aux talents de la troupe qu’elle a su réunir.
La pièce-fleuve a fait l’objet de mises en scène mémorables. Saga en trois volets – « La Manie de la villégiature », « Les Aventures de la villégiature », « Le Retour de la villégiature » – elle a pour protagonistes deux familles membres de la bonne société de Livourne, avides d’imiter les mœurs aristocratiques dans un féroce et vain désir de paraître. La principale qualité de la mise en scène signée par Claudia Stavisky est de rendre sensible, voire d’exacerber cette tension permanente entre la farce et le tragique recherchée par l’auteur. Tout ne tient, fondamentalement, qu’à un fil : celui de l’incarnation de personnages qui ont en partage de pouvoir verser dans la caricature vaudevillesque ou tragique. L’ambiguïté soutenue, celle autorisant « un comique saillant », fait chatoyer la drôlerie satirique et toutes ses nuances colorées, palette émotionnelle complexe qui va de la tendresse à la détestation en passant par la compassion. Au cœur du propos, l’argent, dont le génie propre est d’inverser toutes les valeurs, mobilise toutes les énergies jusqu’à l’expropriation des vrais sentiments.
Une grande justesse interprétative
Claudia Stavisky, efficace, nous conduit à toute allure, appuyée sur une adaptation aux coupes hardies dont elle est l’autrice sur la base de la traduction de Myriam Tanant. L’impression de passer d’un volet à un autre est volontairement estompée au profit du suivi du fil dramaturgique, permettant à la trilogie d’exister sur scène dans un flux auquel elle imprime son rythme. Passagers clandestins de cette villégiature, nous passons de la gaîté futile des préparatifs d’un départ fantasmé sans cesse ridiculement retardé – stigmatisé par le va-et-vient d’une malle en forme de luxueuse penderie portative, masque de la vacuité des attentes – à cet harassant séjour campagnard, fait d’oisiveté sans imagination, propice aux jeux de l’amour et du hasard, dont Le Retour se chargera de faire tomber les masques. Sans ambiguïté. On est sous le charme d’une distribution à son meilleur niveau. Il faut saluer la grande justesse interprétative des acteurs, non seulement au regard de la complexité des personnages que chacun doit incarner, mais aussi au regard de la dimension chorale d’une vraie pièce de troupe, qui ne peut donner sa pleine mesure qu’à jeu égal.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du mardi au samedi à 19h30. Les dimanches à 16h. Tél : 04 72 77 40 00. Durée : 3h20.
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