La Terrasse

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Classique / Opéra - Entretien

Christophe Rauck, du théâtre à l’opéra

Christophe Rauck, du théâtre à l’opéra - Critique sortie Classique / Opéra
© Anne Nordmann

Publié le 10 janvier 2010

Comédien de formation, compagnon de route d’Ariane Mnouchkine, Christophe Rauck dirige le Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis. Avec Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, il signe aujourd’hui pour l’Arcal, avec la complicité de Jérôme Correas à la direction musicale (voir l’entretien dans ce même numéro), sa première mise en scène d’opéra.

Quel a été votre état d’esprit en abordant Le Couronnement de Poppée?
 
Christophe Rauck : Face à la pureté du Couronnement de Poppée, le danger était d’être trop bavard. Je voulais souligner la force épique de l’œuvre, sans faire surgir une époque, une esthétique ou une quelconque idée dramaturgique qui serait venue alourdir le propos. Nous avons cherché à nous glisser dans des situations qui nous semblaient suffisamment justes pour être mises en lumière, ou intéressantes à étirer sur plusieurs scènes pour permettre aux chanteurs de maîtriser de vrais enjeux pour construire les relations qui se tissent entre les personnages. Peut-être que l’opéra, par la force du compositeur, nous demande d’aborder l’œuvre avec plus de retrait. La musique inscrit un contexte, une époque, une pensée formelle, ce n’est pas le cas au théâtre, il y a un texte, mais la musique est composée par le metteur en scène avec les acteurs et toute son équipe.
 
En quoi le travail avec les chanteurs et le directeur musical est-il différent de celui avec les comédiens au théâtre?
C.R. : Au début je me suis dit que ce n’était pas pareil qu’au théâtre et puis au fur et à mesure des répétitions je comprends que c’est la même chose. On cherche à comprendre le texte, les mouvements de pensée d’un personnage, ses différents points de vue qui vont nous aider à construire des situations pour comprendre le sens de la musique qu’il ou elle chante. Le génie c’est la musique, le théâtre nous donne des outils pour comprendre et essayer de faire comprendre cette musique en racontant au mieux les enjeux de l’histoire. C’est un magnifique voyage artistique, où les intrigues et les passions des personnages sont inscrites dans le livret de Busenello et sublimées par la musique de Monteverdi. Le souci du metteur en scène, c’est d’harmoniser l’ensemble. On apprend beaucoup à l’opéra : la rigueur des chanteurs, la précision du chef… Les compositeurs n’aiment pas l’à-peu-près, un ré est un ré, un silence est un silence.
 
« Le génie c’est la musique, le théâtre nous donne des outils pour comprendre et essayer de faire comprendre cette musique. »
 
 
Quelle est votre vision de l’oeuvre? Jérôme Correas parle de “théâtre musical” au sujet du Couronnement de Poppée
C. R. : Je n’ai pas de vision de l’œuvre au préalable, juste des intuitions qui peuvent quelquefois changer en cours de préparation mais rien de plus. C’est à partir de cela que je pars à la découverte d’une époque, d’un monde que je ne connaissais pas ou que j’approfondis grâce au théâtre. L’œuvre parle d’amour et de pouvoir, d’intrigues et de meurtre : tout pour faire une bonne histoire. Le Couronnement de Poppée, chef-d’œuvre de la musique baroque, traverse les siècles sans se soucier de l’actualité, il voit plus haut, il nous relie au spirituel par l’intelligence et la sensibilité des voyants que sont les très grands artistes. C’est un théâtre musical car le texte et la musique sont étroitement liés. La musique de Monteverdi ne peut exister sans Busenello. Jérôme Correas, outre son talent de chef d’orchestre, sait que pour faire partir cette œuvre dans les étoiles la musique doit épouser le théâtre.
Propos recueillis par Jean Lukas.


 
Le Couronnement de Poppée, de Monteverdi. Les 8, 9, 12, 13, 15, 16, 19 et 20 janvier à 19h30, les 10 et 17 janvier à 16h au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis (93). Tél. 01 48 13 70 00. Places : 24 €.
Puis le 23 janvier à 21h à L’Onde de Vélizy (78), les 30 janvier à 20h30 et 31 janvier à 14h30 au Grand Théâtre de Reims (51), le 2 février à 20h au Théâtre musical de Besançon (25), les 5 et 6 février à 20h à la Maison de la Musique de Nanterre (92), le 12 février à 20h30 à La Barbacane à Beynes (78), le 14 février à 16h au Théâtre Jean Arp de Clamart (92), le 18 février à 20h45 au Théâtre du Vésinet (78), le 27 février à 20h30 au Théâtre d’Angoulême (16), le 9 mars à 20h30 au Théâtre des Salins de Martigues (13), le 13 mars à 20h30 à La Ferme de Bel-Ébat de Guyancourt (78) et le 9 avril à 20h30 au Théâtre Romain Rolland de Villejuif (94).

A propos de l'événement


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