Familier du festival d’Avignon, Emil Abossolo M’Bo y revient avec un hymne à l’amour et à la vie en forme de digression poétique sur sa propre biographie aux allures de conte initiatique.
Un jeune garçon passe ses trois premières années auprès du vieux Wintaka, son grand-père spirituel, son maître à vivre et son meilleur ami. De lui, il apprend que « l’univers tout entier est un immense champ d’une beauté sans limites gorgé de sons tous plus magiques les uns que les autres ». De l’enfance à l’âge adulte, Emil Abossolo M’Bo raconte son parcours, d’un petit village du nord du Cameroun jusqu’à l’ailleurs des départs au lointain. Du soleil, de la liberté et de l’amour des choses tétés au sein maternel et bus des paroles de l’ancêtre à la sagesse enveloppante et douce, le jeune garçon passe à d’autres façons de concevoir l’univers, celle de l’école publique et celle des maîtres qui castrent ou trahissent, et celle de la violence d’un monde dont on apprend des choses également, mais sans les sortilèges de la forêt et la magie de l’enfance. Emil Abossolo M’Bo interprète tous les personnages qui marquent les étapes de ce conte initiatique, avec leurs accents, leurs mots, leurs mimiques et leurs gestes. Creusant dans les filons aurifères de la langue les ressources d’une invention originale, le comédien passe de l’émotion à la drôlerie, entre « pelotes de rires » et « bulles de poésie ». Il signe « un spectacle-épopée, tantôt ancré dans une modernité bouleversante, tantôt mélopée antique dans la tradition des contes initiatiques ». Emil Abossolo M’Bo chante, joue, slame, clame avec toutes les couleurs de son talent la complexité d’une vie qui se construit comme un combat entre l’amour et la haine que vient arbitrer et pour finir gagner la sagesse magistrale et merveilleuse du vieux Wintaka. Un théâtre alchimiste offert par un artiste mystagogue ; un récit de vie en forme de leçon existentielle ; un hymne à la vie porté par l’amour du théâtre.
Avignon Off. Champs de sons, de et par Emil Abossolo M’Bo. Du 8 au 31 juillet 2010 à 22h15 (relâche le 25 juillet). La Fabrik’, 1, rue du Théâtre. Tél. : 04 90 86 47 81.