La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien Thierry Malandain

Cendrillon à Versailles

Cendrillon à Versailles - Critique sortie Danse Versailles Opéra Royal du Château de Versailles
Légende : Les danseurs du Ballet Biarritz en répétition pour Cendrillon. © Olivier Houeix

Opéra royal de Versailles / chor. Thierry Malandain

Publié le 25 avril 2013 - N° 209

Le Ballet Biarritz et l’Orchestre Symphonique d’Euskadi de San Sebastian nous invitent à redécouvrir Cendrillon dans un cadre magique : Versailles. 

« Cendrillon nous fait voyager entre le divertissement et la poésie. »

Souhaitiez-vous depuis longtemps créer votre version de Cendrillon ?

Thierry Malandain : Quand Laurent Brunner (directeur de Château de Versailles Spectacles) m’a proposé ce projet, j’étais en fait plutôt réticent ! La musique de Prokofiev est complexe. Par ailleurs, Cendrillon a fait l’objet de plusieurs ballets – notamment la magnifique version de Maguy Marin, en 1985 : quand j’en étais sorti, j’étais tellement impressionné que je ne voyais pas ce que l’on pouvait faire de plus ! Je me suis donc longtemps tenu à distance de ce ballet. Près de trente ans plus tard, le désir d’interroger ce conte très riche, avec la possibilité de le danser dans le cadre somptueux de l’Opéra royal de Versailles, l’a cependant emporté…

Quelles questions la partition de Prokofiev  pose-t-elle à un chorégraphe ?

T. M. : Elle est composée comme une succession de numéros, extrêmement courts, pensés pour des actions restreintes : ils laissent à peine le temps de développer une idée, une matière chorégraphique. Cela rend la création lumières complexe également : elle doit épouser chacune de ces scènes qui s’enchaînent à un rythme rapide. La partition m’amène donc à repenser la façon dont je construis une chorégraphie. Par ailleurs, cette partition est clairement associée à un livret prévu pour de très nombreux danseurs : pour le respecter, il faudrait bien plus que nos vingt danseurs ! Nous avons donc dû trouver des « astuces » pour faire nombre, notamment dans la scène du bal. Cependant, ces très nombreux danseurs ont en fait de tout petits rôles, à l’exception des personnages principaux. Je me suis alors rappelé une autre partition de Cendrillon : celle de Massenet, que j’ai chorégraphiée il y a quelques années. Dans cette version, Cendrillon est entourée d’elfes.  Nous avons donc invité les elfes de Massenet à investir la version de Prokofiev…

Quelles facettes du conte souhaitez-vous révéler ?

T. M. : Je souhaite bien sûr que ce spectacle soit un moment de plaisir et d’humour. Mais le risque serait de se conformer strictement aux attentes qui s’expriment spontanément face à un conte de fées aujourd’hui : on aurait tôt fait de proposer une version remaniée du dessin animé de Walt Disney… Ce qui m’intéresse dans Cendrillon, c’est la présence simultanée de deux univers : l’univers de la fée, de la quête d’amour de Cendrillon, de son accomplissement progressif ; mais aussi l’univers de la réalité à laquelle la jeune fille se confronte, réalité incarnée par sa marâtre et ses deux sœurs. J’ai donc aussi travaillé sur cet aspect, en valorisant, pour certains passages, la sobriété, voire le minimalisme. Ainsi le bal, qui pourrait être étincelant, a aussi quelque chose de funèbre. Cendrillon nous fait voyager entre le divertissement et la poésie.

Propos recueillis par Marie Chavanieux

A propos de l'événement

Cendrillon
du vendredi 7 juin 2013 au dimanche 9 juin 2013
Opéra Royal du Château de Versailles
château de Versailles, place d’armes, 78000 Versailles

Les 7 et 8 juin à 20H, le 9 juin à 16H à l’Opéra royal de Versailles, château de Versailles, place d’armes, 78000 Versailles. Tél. 01 30 83 78 89.
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