Les Chants de l’Umaï
Chants, danses, images, hologrammes... Le [...]
Angelin Preljocaj invite six danseurs et un comédien à s’emparer du texte de Laurent Mauvignier.
« Une sorte de déroulement sensitif en rapport avec le texte. »
Y a-t-il une parenté entre ce projet et votre précédent Funambule d’après Genet ?
Angelin Preljocaj : C’est une sorte d’extension du travail que j’ai entamé avec Le Funambule. J’essaye de développer ici cette confrontation à l’écriture. Je trouve que l’écriture de Laurent Mauvignier s’apparente d’une certaine manière à celle de Jean Genet. Il y a quelque chose de direct et de très charnel dans les deux cas. Ce sont deux textes très porteurs pour la danse, qui réclament presque à être incarnés. En même temps se profile un vrai danger, car ils se suffisent à eux-mêmes. Que va apporter la danse, comment va-t-elle pouvoir être une partition supplémentaire plutôt qu’une illustration plate et en dessous de la force du texte ?
Comment néanmoins allez-vous appréhender la narration ?
A. P. : Ce que je vais développer avec la danse va se situer au niveau de la sensation, une sorte de déroulement sensitif en rapport avec le texte, plutôt qu’un déroulé narratif linéaire et descriptif de l’action. Je considère chacun des personnages comme une entité. L’histoire se passe dans un centre commercial, et montre comment quelqu’un de la marge est reçu dans le centre. Ce rapprochement est voué à l’échec, et je trouve cela très intéressant à travailler.
Ce texte violent exprime une vision du monde. Cet aspect est-il revendiqué par vous, ou dilué dans l’abstraction de la danse ?
A. P. : Pour moi c’est un texte politique. Il est tiré d’un fait réel qui montre une situation sociale sidérante. J’ai envie de m’en emparer pour ces raisons. Il y a quelque chose dans notre société actuelle, dans la façon dont les choses se développent, qui m’inquiète, qui m’interroge, qui me répugne parfois. Ce spectacle touche aussi à ma vie personnelle de citoyen.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
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