Carte Blanche à Yoann Bourgeois

Il domine le Rhône, brave le Palais des Papes, tout proche, symbole d’un pouvoir royal que seul le Mont Ventoux au lointain semble dédaigner : situé à Villeneuve-lez-Avignon, le fort Saint-André a été classé monument historique en 1906, et demeure un important vestige de l’histoire médiévale, avec sa forteresse, sa chapelle, sa tour, son enceinte fortifiée, couvrant un périmètre de trois hectares. C’est ce décor majestueux qui a été choisi pour servir de terrain de jeu à Yoann Bourgeois, invité par les Monuments Nationaux dans le cadre de l’opération Monuments en Mouvement. Tout juste sorti de la déferlante de sa pièce Celui qui tombe, Yoann Bourgeois a toujours développé ses recherches en multipliant les formats et les espaces, tout en poursuivant sa quête infinie : celle du point de suspension, où l’acrobate en pleine action, tendu entre son envol et sa chute, atteint l’impossible gravité zéro. Dès lors, le travail de Yoann Bourgeois a su se développer à travers des agrès singuliers, dans des propositions originales pour l’espace extérieur et en proximité avec le public. Ses expériences se nomment Fugue / trampoline, Fugue / table, Fugue / balles, Autoportrait, La Balance de lévité…

Entre action et contemplation

Ici, le circassien, qui est aussi co-directeur du Centre Chorégraphique National de Grenoble avec Rachid Ouramdane, a imaginé la prise de la forteresse davantage comme une balade pour le public que comme une confrontation des œuvres à un environnement. Le parcours sera jalonné de ses pièces courtes, pour conclure sur Cavale, duo d’acrobates où un escalier immaculé cache un trampoline propice au plus beau des ballets. Et c’est l’oreille qui nous guidera dans cette promenade, à travers les compositions musicales de Laure Brisa ou des installations sonores, comme un fil conducteur. Avec cette proposition de plus de deux heures, Yoann Bourgeois embarque le public dans son univers et le positionne en véritable participant, mêlant des moments de jeu actif à des instants de contemplation.

Nathalie Yokel