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Avignon / 2025 - Entretien / Carole Errante
La metteuse en scène Carole Errante revient à l’écriture de l’auteur australien Lachlan Philpott, connu dans le monde anglophone mais peu joué en France, avec un thriller vif et percutant sur la vulnérabilité de l’adolescence.
Qu’aimez-vous dans l’écriture de Lachlan Philpott, dont vous avez déjà mis en scène L’Affaire Harry Crawford en 2022 ?
Carole Errante : J’aime sa langue percutante, dégraissée, directe, qui aborde des sujets complexes, des thématiques sociétales d’aujourd’hui, en prise avec le réel. Lachlan travaille très souvent à partir de faits divers, à partir desquels il enquête et crée de la fiction. Ce n’est donc pas un théâtre documentaire, mais un théâtre documenté, qui puise sur le terrain la matière de son écriture. L’Aire poids-lourds s’inspire d’un fait divers qui a eu lieu dans une banlieue pauvre de Sydney, où de jeunes collégiennes se sont livrées à la prostitution sur une aire d’autoroute. En toute inconséquence, comme une sorte de pari. Leur adolescence se vit à toute vitesse, se consume dans une vivacité qu’on retrouve au sein même de la langue, très acérée, très cadencée. Les mots fusent, les pensées et les temporalités se télescopent. La pièce est travaillée comme un thriller métaphysique où ce n’est pas la résolution qui importe mais le processus qui y mène.
Qui sont les adolescentes de L’Aire poids-lourds ? En quoi sont-elles vulnérables ?
C.E. : Ce sont trois collégiennes, Bee, Ellie et Freya, incarnées par trois comédiennes, tandis qu’une quatrième incarne tous les personnages adultes de la pièce, comme l’auteur le stipule. Cela donne corps au fait que tous les adultes sont interchangeables, stéréotypés. Ils sont vus à travers les yeux des gamines, qui n’accordent aucun crédit à la parole adulte. Toutes les personnes qui sont censées protéger les enfants sont dépassées, comme dépossédées de leur capacité à aider. La thématique de cette pièce, c’est la quête d’identité des adolescents et adolescentes aujourd’hui, l’éveil à la sexualité de ces jeunes à l’ère du numérique. Comment se construisent-ils en butte aux assignations, aux codifications normatives, aux stéréotypes, à toutes les injonctions qu’ils reçoivent, au matraquage visuel de la pop-porn culture véhiculée par les réseaux sociaux. Depuis toujours, je m’intéresse aux rapports de pouvoir, de hiérarchisation entre les genres, et je constate que les réseaux sociaux souvent formatent et accentuent le clivage entre les filles et les garçons. Pour rythmer mais aussi raconter, la créatrice sonore Jenny Abouav fabrique une architecture où coexistent le dehors et l’espace intime. L’auteur met en jeu une tranche de vie à regarder, à écouter, à ressentir, à éprouver, sans porter aucun jugement, sans regard surplombant ou moralisateur. C’est assez fort, assez déroutant, cela trouble et questionne beaucoup.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 15h25, relâche les 8, 15 et 22 juillet.
Tel : 04 90 82 20 47.
Durée : 1h35.
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