Sabrina Kouroughli adapte et met en scène « L’art de perdre » d’Alice Zeniter
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Sur le plateau du Théâtre des Abbesses, Brigitte Jaques-Wajeman reprend sa mise en scène de La Mouette, première pièce d’Anton Tchekhov de sa carrière. Elle explore, à travers cet ode à l’art dramatique, « l’intensité et la fragilité de de nos vies, de nos amours, de nos rêves ».
Vous avez joué Nina, dans la première mise en scène qu’Antoine Vitez a créée de La Mouette, en 1970. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?
Brigitte Jaques-Wajeman : Avant même Qu’Antoine Vitez ne me demande de jouer Nina, j’adorais La Mouette et le théâtre de Tchekhov. Le propos qu’il nous transmettait sur cet auteur et sur cette pièce était très fort, très contemporain et assez tragique. Ce spectacle a vraiment été une aventure passionnante.
Pourquoi avoir attendu toutes ces années avant de, vous-même, mettre en scène une pièce de Tchekhov ?
J.-W.: D’abord, parce que les pièces de Tchekhov sont montées très fréquemment, dans de nombreux théâtres. Or, je me suis toujours attachée à mettre en scène des textes peu connus, même s’ils étaient d’un autre temps. Et puis, il y avait des mises en scène tellement belles de ces pièces, que je me suis toujours demandé s’il était vraiment intéressant d’en créer une de plus. Et un jour, avec le temps qui passe, l’envie de travailler sur Tchekhov s’est tout de même imposée.
Quelles sont pour vous les énigmes qui composent l’œuvre de cet auteur ?
J.-W.: Le théâtre de Tchekhov est sans doute l’un des plus ontologiques et des subjectifs qui soit. C’est un théâtre extraordinairement touchant. Dès que l’on commence à lire ou à écouter Tchekhov, on est totalement bouleversé. Cette écriture touche l’humain à un endroit très particulier. Elle parle de la vie en engendrant une forme d’intimité, d’étrangeté, de fragilité… Comme vous le disiez, il s’agit d’une œuvre extrêmement énigmatique. Tout est ratage chez Tchekhov et, en même temps, tout est magnifiquement présent, magnifiquement vivant, donc réussi.
Qu’est-ce qui vous intéresse spécifiquement dans La Mouette ?
J.-W.: La composition de cette pièce, la façon dont les répliques se répondent. Il y a quelque chose de magnifiquement musical dans La Mouette. Avec les acteurs, nous avons essayé d’investir cette dimension, tout en cherchant à créer de la profondeur à chaque instant du texte. Et puis, cette œuvre parle du théâtre. Elle pose la question fondamentale de ce qu’est un comédien, de ce qu’est l’art dramatique. Elle interroge la possibilité de toucher à la vérité sur scène… Dans La Mouette, un personnage dit que le théâtre est essentiel, que l’on ne peut pas s’en passer. C’est une chose que j’ai expérimentée durant la crise sanitaire. Le théâtre m’a beaucoup manqué durant l’épidémie de Covid. D’ailleurs, c’est peut-être cette période de privation qui m’a vraiment décidée à mettre en scène La Mouette.
De quelle façon vous emparez-vous de cette œuvre ?
J.-W.: J’ai voulu mettre le théâtre au centre de mon travail, y compris d’un point de vue scénographique. Dans ma mise en scène, un tréteau est présent sur le plateau du début à la fin de la pièce. J’ai souhaité que tout se joue, que tout se pense au théâtre et à travers le théâtre. Et puis, d’un point de vue du jeu, j’ai demandé à mes comédiens d’écouter très exactement ce qui se dit, d’appréhender le plus précisément possible la justesse des répliques. Nous avons beaucoup travaillé à l’oreille, ce que je fais d’ailleurs quel que soit le texte que je monte. Cette écoute particulière, attentive, permet d’entendre des choses qui n’apparaissaient pas à la première lecture d’une pièce. La scène permet ici, par exemple, de révéler une mélancolie profonde, cachée derrière une atmosphère charmante et drôle. La Mouette parle tout le temps de la vie. Qu’est-ce que vivre ? Pourquoi vivre ? Comment vivre… ? Ce sont des questions que chacun d’entre nous se pose tout au long de son existence.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com
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