Les Mystères de Saint-Denis, cartographie intime de la ville par ses habitants
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Brigitte Barilley met en scène sous la forme d’un diptyque deux pièces de Martin Crimp, La Ville et La Campagne. Soit deux enquêtes largement existentielles, qui nous invitent aussi à réfléchir à nos mythes contemporains.
Votre diptyque vient après une mise en scène d’Innocence de Dea Loher, Que seul un chien de Claudine Galea et Svevn / Les jours s’en vont de Jon Fosse. En quoi l’écriture du dramaturge britannique Martin Crimp prolonge-t-elle ces explorations ?
Brigitte Barilley : Comédienne de formation et de métier, j’ai commencé la mise en scène sur le tard avec ma compagnie Les Travaux et les jours, dans le désir de défendre des écritures contemporaines qui interrogent nos sociétés et nos manières de vivre. La question de la fragmentation de la mémoire et de notre rapport à la ville est au cœur du texte de Dea Loher, et je réalise que ces thématiques sont aussi centrales dans les pièces suivantes. Celles de Martin Crimp ne font pas exception : construites à la manière de puzzles, éclatées, La Ville et La Campagne déconstruisent notre regard sur le quotidien.
À quoi tient pour vous l’évidence de monter ces deux pièces en diptyque ?
B.B. : Ces deux pièces écrites par l’auteur à cinq ans de distance – La Campagne en 2000 et La Ville en 2005 –, présentent des structures très proches et abordent des sujets eux aussi similaires. Chacune est notamment traversée par une forme d’enquête qui est moins policière que fragmentaire, ce qui a été ma porte d’entrée dans l’écriture de Crimp. Les deux pièces sont aussi construites autour d’un couple qui se trouve bousculé par un troisième protagoniste : une voisine délirante dans La Ville et une amante dans La Campagne.
Doit-on s’attendre à une homogénéité esthétique entre les deux pièces ou au contraire à un important contraste ?
B.B. : Comme indiqué par Martin Crimp, les plateaux sont nus pour les deux spectacles. La lumière joue donc un rôle majeur : elle donne corps à la structure de l’écriture et en exprime l’onirique lorsque c’est nécessaire. Si La Ville est plutôt explosive et lumineuse, tandis que La Campagne est assez sombre, souterraine, elles ont en commun un absurde que je traite en amenant les trois acteurs de chaque pièce (un seul joue dans les deux) aux abords du clown. Je voulais éviter une approche naturaliste.
D’après vous, que nous dit Martin Crimp de notre monde avec ces deux pièces ?
B.B. : Les personnages de Crimp se caractérisant avant tout par leur vide, ils sont traversés par le monde et la société. Ils révèlent la violence des rapports de classe et des relations conjugales. Dans La Ville, le personnage-pivot de Claire porte une réflexion présente à mon avis dans l’ensemble du théâtre de Martin Crimp. Traductrice qui aurait voulu devenir écrivaine, elle pose la question de ce que peut l’art pour l’humain, pour le monde. Sa relation avec Mohamed, un écrivain en exil, est aussi un très bon exemple de la façon dont les pièces du Britannique croisent l’Histoire contemporaine.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
La Ville, les 5 et 12 juin à 20h30, les 7 et 14 juin à 16h30. La Campagne, les 6 et 13 juin à 20h30, les 7 et 14 juin à 19h. Tel : 01 43 76 86 56. Durée : 1h30 pour chaque pièce.
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