Man Rec, Woman et Poder Se d’ Amala Dianor et Leïla Ka
Les chorégraphes Amala Dianor et Leïla Ka se [...]
Impertinent, le festival d’automne du Manège de Reims a de quoi réjouir avec sa programmation débordante d’excès et de vitalité ! Voici des artistes qui pulvérisent les représentations et font du corps le lieu de l’identité, de l’engagement, et de la fête.
Born to be a live est notamment l’occasion de mettre en lumière les artistes accompagnés par la scène nationale. Elodie Sicard ouvre le bal avec une création danse-musique en complicité totale avec le pianiste Bertrand Chamayou et le compositeur américain John Cage. Cage2 s’offre en solo comme une vibration corporelle au cœur de quatre pianos préparés, espiègles de percussions et de sonorités incongrues. Marta Izquierdo Muñoz, Marinette Dozeville, et Jérôme Brabant ont bénéficié de résidences de création pour mener à bien leurs projets. Les deux premières n’ont pas seulement en commun d’être des coproductions du Manège ; il y a chez les deux chorégraphes le même intérêt pour la pensée de l’autrice et théoricienne féministe Monique Wittig. La première empreinte le titre de sa pièce à son ouvrage Les Guérillères pour montrer une communauté combattante et un brin déjantée. La seconde y adjoint des figures d’Amazones, dans des rituels féminins passant du sensuel au sauvage. Quant à Jérôme Brabant, c’est aussi une gestuelle insatiable qui irrigue Je n’ai pas le temps d’y penser, c’est arrivé. Mais c’est dans l’énergie du rock qu’il puise, prétexte à raconter une autre histoire de la danse, mêlant cinq interprètes à la voix de la chanteuse Gustine, qui clôturera également la soirée par un DJ set.
Des numéros de cirque et de cabaret qui détournent tous les codes
Le festival a le chic pour aller chercher dans les disciplines et les formats : aussi verra-t-on le cirque du Manège se transformer en scène de cabaret, première soirée d’une série qui ponctuera la saison. Monsieur K (Jérôme Marin) et sa troupe exubérante donnent Le Secret dans un esprit de partage sans tabous, où chants, poèmes et danses viennent électriser les corps. Les artistes de cirque sont également présents dans cette programmation à travers l’étonnante Sandrine Juglair, qui poursuit avec Dicklove son travail de transformation et de corps multiple, bousculant les stéréotypes. Dans un autre registre, Gaël Santisteva bouscule lui aussi les codes : son Garcimore est mort détourne la notion de divertissement et place les interprètes dans un show automatisé dont ils ressortiront vivants, non sans avoir expérimenté une autre façon de s’émanciper et d’exister par eux-mêmes.
Nathalie Yokel
Tél. : 03 26 47 30 40.
Les chorégraphes Amala Dianor et Leïla Ka se [...]