Blanca Li présente sa version de « Didon et Énée » dans un alliage d’esthétiques
La Villette / Chorégraphie Blanca Li
Publié le 23 septembre 2024 - N° 325Invitée phare du festival Cadences à Arcachon, Blanca Li y a notamment présenté sa version de Didon et Énée avant qu’elle ne s’installe pour quinze jours à La Villette.
D’abord conviée par William Christie et les Arts Florissants à mettre en scène et chorégraphier le célèbre opéra de Purcell Didon et Enée, Blanca Li a désiré continuer l’aventure en créant un ballet. C’est ainsi que la musique de la représentation barcelonaise a été enregistrée et qu’elle a invité dix danseurs et danseuses à poursuivre le travail entamé, centré sur les émotions des protagonistes. Conformément au livret de Nahum Tate, on y suit (avec parfois quelques difficultés) les amours passionnées et dramatiques de Didon, reine de Carthage, et Énée, prince de Troie, de la naissance de leur passion à la trahison du futur fondateur de Rome, fomentée par la reine des sorcières.
Un alliage d’esthétiques
Après un très beau prologue qui voit un chœur de danseurs et danseuses réinterpréter de façon fluide et stylisée les gestes des musiciens, tous et toutes répandent dans la pénombre de multiples sauts d’eau sur la scène. Viennent alors à l’esprit des images du sublime Vollmond de Pina Bausch ou de l’émouvant Franchir la nuit de Rachid Ouramdane. De l’orage déclenché par les sorcières au port de Carthage, théâtre du départ d’Énée, les flots ne sont-ils pas omniprésents dans l’histoire qui nous intéresse ? S’ensuivent alors de multiples glissades, des tours vertigineux effectués sur le dos et jambes pointant en l’air, des portés athlétiques, par des danseurs ayant troqué leurs costumes sombres pour des maillots de bain. La danse se déploie en mixant les styles, de grands jetés très classiques jusqu’à une partition krump qui dit le désespoir d’Énée. Lorsque des rosaces se forment autour de l’union (explicite) du couple d’amoureux, on pense au travail récent d’Angelin Preljocaj, alors que de grandes lignes d’interprètes expressifs nous évoque celui d’Ohad Naharin. Mais malgré le destin déchirant de Didon et Énée, la subtile beauté des lumières en clair-obscur de Pascal Laajili et la grande qualité des interprètes, l’émotion peine à nous gagner. Le public ne semble pas de cet avis qui se lève d’un seul corps pour saluer la performance.
Delphine Baffour
A propos de l'événement
Didon et Énéedu jeudi 17 octobre 2024 au jeudi 31 octobre 2024
l’Espace Chapiteau de la Villette
Quai de la Charente, 75019 Paris
Les 17, 18, 22, 23, 24, 25, 29, 30 et 31 octobre à 20h, le 19 à 15h et 18h, les 20 et 27 à 16h, le 26 à 18h. Tél. 01 40 03 75 75. Durée : 1h10.
Spectacle vu au Théâtre Olympia, Arcachon, dans le cadre du festival Cadences.
Également du 31 décembre au 2 janvier au Théâtre de Liège, Belgique, les 4 et 5 janvier au KVS Bruxelles, Belgique, les 9 et 10 janvier à la MC2, Grenoble, le 13 février au Cube Garges, Garges-lès-Gonesse, le 19 mars au Théâtre Alexandre Dumas, Saint-Germain-en-Laye, le 23 mars au Palais des festivals et des congrès de Cannes.