La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Bernard Levy

Bernard Levy - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Philippe Delacroix

Publié le 10 mars 2009

Cheminer avec Samuel Beckett

Après un remarquable Fin de partie en 2006, Bernard Levy poursuit son travail sur le théâtre de Samuel Beckett avec En attendant Godot. Un spectacle que le metteur en scène envisage comme le second volet d’un diptyque consacré à l’auteur irlandais.

« Je ne dissocie par vraiment cette nouvelle mise en scène de mon précédent travail sur Fin de partie. J’irais même jusqu’à dire que ces deux spectacles sont comme les deux volets d’un même diptyque. J’ai d’ailleurs tenu à retrouver la même équipe artistique avec notamment, dans les rôles de Vladimir et Estragon, Gilles Arbona et Thierry Bosc. Bien sûr, ces deux pièces sont de factures assez différentes. L’une (ndlr : En attendant Godot) a été écrite en 1948, l’autre près de dix ans plus tard. En attendant Godot est une pièce beaucoup plus hétéroclite que Fin de partie, une pièce qui touche au burlesque, au cirque, au music-hall, qui peut faire penser à Chaplin, à Brecht, à Kafka, aux Marx Brothers… On se demande souvent comment il convient d’aborder une œuvre aussi particulière. Je crois qu’il faut avancer à la façon d’un chef d’orchestre qui déchiffrerait les notes d’une partition musicale : en cherchant à saisir la portée intime des mots, des phrases, mais aussi des temps, des silences. Car, dans ce théâtre, tout fait sens.

L’immense difficulté de l’homme à « être »
 
En attendant Godot fait surgir des réflexions abyssales sur la condition de l’homme, sur notre immense difficulté à “être”. Je suis d’ailleurs très étonné qu’on ait si peu traité les correspondances qui lient cette pièce à la Seconde Guerre mondiale, aux camps de concentration. Beckett a écrit En attendant Godot trois ans après la fin de la guerre, Estragon s’appelait Levy dans une première version… Il est évident que parmi la multitude de questions qu’envisage ce texte, se trouve celle de la pensée après la Shoah. Je ne souhaite pas élaborer une lecture univoque qui ne prendrait en compte que cette dimension-là, mais il me semble important de considérer l’ensemble des chemins que propose Beckett. Cet immense auteur percevait la nature humaine avec tellement de finesse, tellement d’intelligence, que ses pièces parviennent à balayer une quantité impressionnante de situations et d’interrogations. Comment fait-on pour avancer ? Est-ce que l’existence est bien réelle ? Quel est ce phénomène que l’on appelle le temps ? Toutes ces questions, Samuel Beckett les pose avec une grâce et une élégance que j’admire profondément. »
 
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


En attendant Godot, de Samuel Beckett ; mise en scène de Bernard Levy. Du 5 au 28 mars 2009. Du mercredi au samedi à 20h00, le mardi à 19h00. Matinées exceptionnelles le dimanche 15 mars à 16h00 et le samedi 28 mars à 15h00. Athénée Théâtre Louis-Jouvet, square de l’Opéra Louis-Jouvet, 7, rue Boudreau, 75009 Paris. Réservations au 01 53 05 19 19 ou sur www.athenee-theatre.com

En tournée du 31 mars au 3 avril 2009 au Théâtre de la Renaissance à Oullins, le 8 avril au Rayon Vert à Saint-Valéry en Caux, le 16 avril au Moulin du Roc – Scène nationale de Niort, les 20 et 21 avril au Fanal à Saint-Nazaire, les 13 et 14 mai à La Passerelle – Scène nationale de Saint-Brieuc, le 19 mai au Parvis – Scène nationale de Tarbes, du 27 au 30 mai à la Comédie de Reims, les 3 et 4 juin au Théâtre du Petit Quevilly, du 9 au 13 juin à la MC2 de Grenoble.

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