La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Dénommé Gospodin

Dénommé Gospodin - Critique sortie Théâtre DIJON THEATRE DIJON BOURGOGNE
Crédit photo : Louise Vayssié

Théâtre Dijon-Bourgogne / Dénommé Gospodin / de Philipp Löhle / mes de Benoît Lambert

Publié le 2 mars 2013 - N° 207

Le nouveau directeur du Théâtre Dijon-Bourgogne a succédé à François Chattot le 1er janvier 2013, à zéro heure pile. Dans ce théâtre dont il veut faire une fabrique, Benoît Lambert inaugure son mandat en créant Dénommé Gospodin, de Philipp Löhle.

Comment avez-vous succédé à François Chattot ?

Benoît Lambert : Par une sorte de cérémonie festive et chaleureuse ! François m’a remis les clés du Parvis, le 31 décembre 2012, à minuit : c’était un moment rare et idéal. J’arrive dans un théâtre où je remplace un homme que j’admire et que j’aime, et sur un territoire que je connais, avec l’envie de travailler dans cette ville et dans cette région. J’habite à Dijon, j’y ai souvent travaillé, et même si ma compagnie était implantée en Franche-Comté, je n’avais pas perdu les liens avec la Bourgogne. Ça s’est fait un peu naturellement et j’ai été ravi que la ministre m’ait choisi, mais aussi que le maire et le président de Région aient validé ce choix. J’aime cette ville, qui se transforme en profondeur, et ce qui s’y passe. 

Quel est l’esprit de votre projet à la tête de ce CDN ?

B. L. : J’ai envie d’en faire une fabrique, j’ai besoin des acteurs et que ce théâtre soit le leur. D’autres artistes seront présents dès cette saison. Pauline Bureau est metteuse en scène associée, le collectif Idem est compagnie associée, et Emmanuel Vérité, avec lequel j’ai fondé La Tentative, comédien associé. Il est important de ne pas arriver seul. Et il y en aura d’autres ! Je veux faire de ce CDN une maison d’artistes. Autre dimension essentielle de mon projet : l’envie de travailler sur la jeunesse, non pas spécifiquement pour le jeune public (parce que d’autres le font à Dijon et le font très bien), mais en intégrant à notre public, ceux qui, du lycée à l’entrée dans la vie active, ont souvent une vision suspicieuse du théâtre. François Chattot a déjà fait un travail considérable pour renouveler et enrichir le public, mais je voudrais initier une évolution dans notre façon d’agir sur le territoire et dans ce qu’on va montrer, et faire de ce théâtre un lieu culturel appropriable par la jeunesse. Je crois qu’il y a, au théâtre et en général en France, un travail d’urgence à mener à cet endroit-là.

Comment avez-vous découvert Dénommé Gospodin, de Philipp Löhle ?

B. L. : Je l’ai découvert à la Colline dans le GREC (Groupe de Réflexion sur les Ecritures Contemporaines) que Stéphane Braunschweig a réuni autour de lui et avec lequel on lit et on débat. Dénommé Gospodin est une pièce d’un jeune auteur allemand, pas encore montée en France. Elle fait un tabac en Allemagne depuis plusieurs années. Philipp Löhle est un dramaturge important, dont l’écriture est la fois très drôle et empreinte de vrais motifs politiques. Cette pièce prolonge les questions sur lesquelles je travaille depuis plusieurs années. Inventer une autre vie ou pas ? Gospodin décide de le faire, de façon maladroite et bordélique ; il cherche un rêve, va de case en case, de relations en amis proches qui le dépouillent, et il finit en prison ! La réflexion est subtile, critique et pleine de finesse, pas platement militante : elle laisse chacun libre de ses questions et de ses réponses. Elle fait résonner des problèmes, des contradictions, avec l’idée que rien n’est perdu d’avance. Elle n’est ni cynique ni pessimiste ; elle n’est pas nihiliste mais enthousiaste. Tout ça me plait beaucoup !

Quels comédiens pour cette mise en scène ?

B. L. : Ceux avec lesquels nous avions mis le texte en espace, il y a deux ans, à Avignon, pour les quarante ans de Théâtre Ouvert. L’enthousiasme nous a donné envie de continuer. Christophe Brault, Chloé Réjon et Emmanuel Vérité sont des comédiens parfaits que j’admire profondément. Travailler avec eux est, pour moi, l’occasion de réaffirmer que le théâtre est l’art de l’acteur. Je suis très heureux d’inaugurer avec eux mon mandat à Dijon, pour que cette maison soit animée par l’énergie de la création et que demeure la marque du vrai poète-acteur qui l’a dirigée pendant six ans !

Propos recueillis par Catherine Robert

Accroche : « Réaffirmer que le théâtre est l’art de l’acteur. »

A propos de l'événement

Dénommé Gospodin
du mardi 19 mars 2013 au samedi 30 mars 2013
THEATRE DIJON BOURGOGNE
30, rue d’Ahuy, 21000 Dijon

Du 19 au 30 mars 2013 (relâches les 24 et 25) ; en semaine à 20h et le samedi à 17h. Tél. : 03 80 30 12 12. Reprise du 3 au 6 avril aux Ateliers de Lyon (04 78 37 46 30 et www.theatrelesateliers-lyon.com) ; du 9 au 11 avril à la Comédie de Béthune (03 21 63 29 19 et www.comediedebethune.org) ; du 16 avril au 3 mai au Théâtre Vidy-Lausanne (41 (0)21 619 45 45 et www.vidy.ch) ; et du 15 mai au 15 juin à La Colline, Théâtre national (33 01 44 62 52 52 et www.colline.fr).
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