La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2025 - Entretien / Thomas Guérineau

« Basketteuses de Bamako » : une création de Thomas Guérineau entre corps, sons et jongles.

« Basketteuses de Bamako » : une création de Thomas Guérineau entre corps, sons et jongles. - Critique sortie Avignon / 2025 Avignon Avignon Off. La Manufacture - La Patinoire
© Raphael Caputo – Metlili.net L’équipe des Basketteuses de Bamako

La Manufacture – La Patinoire / conception et mise en scène Thomas Guérineau

Publié le 20 juin 2025 - N° 334

Associant de manière organique les corps, les sons et les objets, le jonglage musical de Thomas Guérineau naît d’une concentration imbriquant intimement productions gestuelles et sonores. Les Basketteuses de Bamako rassemble six interprètes maliennes, qui s’emparent du ballon en alliant jeux percussifs et traditions musicales.

Comment est né ce projet, qui à nouveau vous a emmené en Afrique, près de 15 ans après avoir créé Maputo Mozambique ?

Thomas Guérineau : Au cours de l’année 2019, j’ai commencé à expérimenter, à jouer avec des ballons de baskets. Sébastien Lagrave, le directeur du festival Africolor, m’a alors proposé de rencontrer des basketteuses de Bamako au Mali. C’est ainsi que le projet a commencé, avec des basketteuses, même si j’ai voulu que des artistes participent au projet, principalement des danseuses, mais aussi des chanteuses et comédiennes maliennes. Leur engagement artistique m’a impressionné. Elles ont chacune dû apprendre plusieurs domaines de pratiques physiques qu’elles ne connaissaient pas. Des chants traditionnels imprègnent la partition rythmique, que j’ai produite, et qui mêle de la polyrythmie et des techniques de déphasage. Au départ, je voulais utiliser le rhombe, l’un des plus vieux instruments du monde, qui est présent au Mali, mais qui  finalement est absent de la création.

« La pièce mobilise l’art chorégraphique, l’art musical, et le jonglage. »

De quelle manière utilisez-vous les ballons de basket ?

T.G. : Comme une percussion rebondissante, comme une grosse balle de jonglage, et également comme un outil pour frapper des percussions. Je travaille le jonglage musical depuis longtemps, notamment avec des balles rebondissantes. La pièce mobilise l’art chorégraphique, l’art musical, et le jonglage. Les trois domaines s’interpénètrent. Je ne conçois pas de différence entre ces modes d’expressions artistiques et toutes les artistes du spectacle les pratiquent à égalité, afin que quelque chose surgisse de cette pratique composite qui associe corps, son et objet. Le langage de la pièce émerge par le jeu que mènent les basketteuses et les artistes maliennes, par la découverte des possibilités du ballon de basket et ses spécificités rythmiques, par l’expression des traditions musicales maliennes. Cette imbrication fabrique un langage intensément vivant.

Cette pièce vous permet-elle d’approfondir votre pratique contemporaine du jonglage musical ?

T.G. : Oui, à chaque nouvelle création j’arrive à mieux préciser l’appréhension que j’ai des corps, des sons et des objets entre eux ; notamment la corrélation entre le mouvement d’un objet lancé vers le haut et les forces du corps humain qui se déploient de bas en haut, en s’opposant à la gravité terrestre.

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Basketteuses de Bamako
du samedi 5 juillet 2025 au mardi 22 juillet 2025
Avignon Off. La Manufacture - La Patinoire
2 rue des Écoles, 84000 Avignon

à 14h10, relâche les 10 et 17 juillet.

Tél : 04 90 85 12 71.

Durée : 1h55 (trajet en navette compris).

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