« One’s own room Inside Kabul », de Caroline Gillet et Kubra Kadhemi, donne voix et espace aux femmes afghanes.
Spectacle audio et vidéo, One’s own room [...]
La compagnie Montréalaise eXplo livre une adaptation dramatique de premier ordre de l’œuvre remarquable de Rebecca Vaissermann. Entre récits fictif et documentaire, la pièce hybride traite d’un enjeu sociétal brûlant. Appuyée sur le terrible sort fait aux travailleurs immigrés de Dubaï, elle met en perspective la question du sens et de la valeur du travail. Une claque magistrale.
« Il y a deux lectures possibles de la pièce : la première en ne regardant que vers les pays du Golfe et en pointant du doigt un système où certains êtres humains, les plus pauvres, sont réduits à l’état de marchandise. La seconde en observant cette situation puis en se questionnant sur nous-mêmes, nos propres mœurs. Est-il réellement possible de s’affranchir d’un processus systémique qui nous pousse toujours à aller plus loin, à travailler davantage ? », interroge le metteur en scène Matthias Lefèvre. La fiction, dont on saisit la portée métonymique, nous transporte à Dubaï, là où l’autrice Rebecca Vaissermann, en voyage, a formé l’idée qui donnera naissance à 49 degrés. Elle explique : « J’apprends, auprès d’un indien venu chercher ici une vie meilleure que, suite à de nombreux scandales, une loi visant à garantir la santé et la sécurité des travailleurs a été promulguée. Désormais, il est interdit de travailler lorsque la température dépasse les 50 degrés. Lors des bulletins météos sur les chaînes nationales, il fait toujours au maximum 49 degrés ».
Une mise en scène incandescente
À la force du documentaire sur le traitement réservé à ces immigrés employés à édifier des projets émiratis pharaoniques, le texte allie la puissance d’une métaphore filée, établissant un parallèle frappant, d’une grande efficacité poétique, entre l’Émirat actuel et l’épisode biblique de la sortie d’Égypte. Ainsi le Moïse originel prend-t-il la figure de Mo, « fille du soleil et du vent ». Le personnage croise la route d’Abhischeck le taiseux et de Ketut, tous deux travailleurs immigrés au sein de cette cité de la démesure. À ces trois protagonistes, il faut ajouter la narratrice, celle qui observe la frénésie du monde qui l’entoure. La mise en scène, vibrante, pensée dans ses moindres détails, chorégraphiée comme un ballet, mise sur la sobriété des effets et des moyens. L’ensemble porte le récit à son incandescence. Captivants, les quatre comédiens, dont on boit littéralement les paroles, à aucun moment ne dialoguent entre eux. Chacun raconte, décrit, déclame, ou se révolte, le plus souvent dans la forme d’adresses directes au public, jamais lâché du regard. À la tragédie, il faut des témoins. C’est ce que 49 degrés fait de nous.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
à 12h05. Relâche les mardis.
Tél : 04 90 25 96 05.
À partir de 12 ans. Durée : 1h05.
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