La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

At the still point of the turning world

At the still point of the turning world - Critique sortie Théâtre Montpellier Théâtre de la Vignette
© Benoit Schupp At the still point of the turning world

Théâtre de la Vignette, Maison de la Culture d’Amiens… / conception Renaud Herbin

Publié le 23 octobre 2018 - N° 270

Né de la rencontre du marionnettiste Renaud Herbin et de la danseuse et chorégraphe Julie Nioche, At the still point of the turning world est un envoûtant quatuor à la croisée des disciplines. Entre le vivant et l’inanimé.

De couleur indéfinissable, entre le marron bois et le gris ciment, un creux en forme d’escalier à la place du ventre et le visage lunaire, la marionnette à fils de la taille d’un petit enfant avec laquelle Renaud Herbin ouvre cette création la place dans la continuité de Milieu (2006), précédente pièce du marionnettiste et directeur du TJP – Centre dramatique d’Alsace Strasbourg. Enfermé dans un cylindre-castelet, un pantin tente de négocier avec un environnement hostile. Avec un sol qui fond sous ses pieds et un ciel auquel est accroché le maître de ses bras et jambes articulés. Sortie de sa prison, la marionnette regarde ses fils. Elle sonde les mains de l’artiste qui, avant de disparaître, la cale sur son dos comme avant un long voyage. Avant une exploration du « point de quiétude du monde qui tournoie », traduction par Claude Vigée du titre de la pièce, extrait d’un poème de TS. Eliot. Four Quartets, qui se poursuit avec ces vers : « Ni dans la chair, ni désincarné ; Ni provenance ni visée ; au point de quiétude, c’est là qu’est la danse », dont Julie Nioche, Renaud Herbin, le marionnettiste Aïtor Sanz Juanes et la compositrice Sir Alice offrent une délicate interprétation.

Rituel pour une petite métamorphose

Une fois le pantin disparu, un singulier décor se dessine : un carré fait de 1600 petits sacs en papier suspendus au grill, que Renaud Herbin et Aïtor Sanz Juanes font d’abord onduler à la manière d’une eau tranquille. Avant d’en faire un champ ébouriffé par le vent, une foule tantôt inquiète tantôt paisible, ou encore un ciel menaçant pour la danseuse qui prend le relai de la marionnette au centre du plateau. Dans un dialogue muet avec les deux marionnettistes et avec Sir Alice qui l’accompagne au chant et à la cithare, Julie Nioche met son corps à « l’épreuve de la gravité avec le rêve de l’envol », selon la belle formule utilisée par Renaud Herbin. Elle met sa recherche personnelle d’une danse en relation avec le quotidien et le monde du soin au service du projet « Corps-Objet-Image » porté par Renaud Herbin, qui repousse les frontières entre le corps et l’objet. Dans sa lente chorégraphie, Julie Nioche participe à un rituel d’autant plus captivant qu’il semble n’avoir pas de but autre que son propre déroulement. Et le plaisir d’y voir apparaître, au croisement des corps et des objets, des formes inattendues. Des petites métamorphoses.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

At the still point of the turning world
du mercredi 28 novembre 2018 au jeudi 29 novembre 2018
Théâtre de la Vignette
245 Avenue du Val de Montferrand, 34199 Montpellier Cedex 5

28 novembre 2018 à 20h et le 29 à 19h15. Tel : 04 67 14 55 98. www.theatrelavignette.fr. Également à la Maison de la Culture d’Amiens du 11 au 13 décembre, au Granit MA – Scène nationale de Belfort le 16 janvier, à l’Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry les 29 et 30 janvier 2019, au Théâtre de Sartrouville les 6 et 7 février, au CCAM – scène nationale de Vandoeuvre-les-Nancy les 21 et 22 mars, du 3 au 5 mai à la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette de Paris.

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