La Vie de Galilée de Bertolt Brecht, mise en scène d’Eric Ruf
Vingt-neuf ans après la mise en scène [...]
Kelly Rivière réussit à faire théâtre d’une autofiction brillante et hilarante, enquête au long cours à la recherche d’un grand-père irlandais disparu. Don’t miss it !
Quel talent, quelle précision et quel entêtement chez l’enquêtrice Kelly Ruisseau (alias Kelly Rivière !) à la recherche de son grand-père disparu… Né en 1928 à Knockcarron, minuscule village du Comté de Limerick, Peter O’Farrel est parti en Angleterre en 1949 accompagné de Margaret, alors enceinte de leur premier enfant. Cinq autres suivront. Quelque vingt ans plus tard, il disparaît définitivement sans laisser de traces. L’enquête de sa petite-fille Kelly n’a pas abouti, alors elle a décidé de faire théâtre de cette histoire portée depuis plusieurs années, pour combler le vide et briser les silences, « pour fabriquer du patrimoine symbolique, dissiper le brouillard et libérer les fantômes ». Sa quête théâtrale quant à elle est en tous points aboutie ! Son interprétation d’une bonne vingtaine de personnages est impressionnante : elle passe de l’un à l’autre avec une parfaite fluidité et parvient de plus à caractériser chacun de manière très précise, très fine et souvent hilarante.
Voyage contre l’oubli
Une inflexion de voix, un jeu corporel digne des meilleurs mimes, des répliques qui font mouche : tout concourt à la réussite de ce voyage au long cours, qui à travers le portrait d’une famille retrace aussi des bribes d’histoire de la communauté irlandaise, évoquant la mainmise de l’Eglise catholique sur l’Irlande, le conflit entre protestants loyalistes et catholiques indépendantistes en Irlande du Nord, le racisme anti-irlandais dans l’Angleterre des années 1950-1960 – no Blacks, no Irish, no Dogs ! -, l’exil et la pauvreté d’une communauté décriée. L’humour tendre et caustique évite le pathos et tient à distance l’émotion, y compris lors de situations poignantes ou douloureuses. Traductrice professionnelle, Kelly Rivière utilise parfois l’anglais et toute une palette d’accents comme autant de marqueurs géographiques et sociaux. Depuis la France jusqu’à Londres puis l’Irlande, elle fait vivre avec vivacité et virtuosité une formidable galerie de personnages : sa mère d’abord, Kathleen, venue en France après l’épisode anglais, plutôt dure, autoritaire et déterminée à éluder les questions de sa fille, mais si drôle ; son frère Julien, dragueur et accroc aux joints ; sa nanny londonienne, en fauteuil roulant mais encore pleine de ressources ; l’inénarrable détective privé Duluc… Contre l’oubli, l’histoire avance, répare et réinvente une part du destin inconnu de Peter mais aussi le présent. Le mystère demeure, mais le voyage est une réussite en tous points réjouissante.
Agnès Santi
en septembre lundi, mardi et samedi à 19h et dimanche à 20h30, idem en octobre mais relâche le samedi, en novembre et décembre lundi et mardi à 22h15, dimanche à 20h30. Tél. : 01 48 06 72 34. Durée : 1h25.
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