Portrait de Ludmilla en Nina Simone de et mis en scène par David Lescot
Accompagnée à la guitare par David Lescot, la [...]
La singularité artistique de Laetitia Dosch s’affirme et s’affine dans cette aventure hors normes en forme de duo à cheval.
C’est un spectacle où l’on passe de sombres évocations calaisiennes à un délirant duo de rap femme-cheval qui s’achève par « Vas-y petit poney/Viens brouter ton cavalier ». C’est un spectacle qui démarre à la Angelica Liddell – à poil, autofiction des malheurs amoureux qui se mêlent à ceux du monde – et vire parfois au comique grand public de la trentenaire en mal d’enfants. Dans ces grands écarts de style, on a du mal à suivre, on ne sait pas sur quel pied danser, on n’est pas bien calé dans les repères qui cadrent d’ordinaire la réception, la réflexion, l’émotion. Après Un album où elle inventait un journal intime à travers une galerie de personnages ayant traversé sa vie – qu’elle interprétait de manière minimaliste, sobre et épatante -, Laetitia Dosch revient sur scène en compagnie cette fois d’un cheval. Corazon (le cœur en espagnol), pur-sang ibère, vient des montagnes du Jura et, le temps de Hate, devient son amoureux. Facétieuse, douce, attirée par la mise à nu pour ce qu’elle produit de vie, de danger, Laetitia Dosch, avec son cheval et son compagnon de création Yuval Rozman, livre ici un spectacle où s’affirme et s’affine encore davantage son style, libre, hors-normes, où l’angoisse se mêle à la joie.
Amazone nature
« Tu sais, j’ai écrit ce spectacle parce que je voulais parler des choses de maintenant et que ça soit pas trop triste. » explique d’entrée Laetitia Dosch à son animal de cœur. Elle aura trouvé au final dans cette fantaisie menée d’un pas allègre, alternant rire cru et profonde mélancolie, « une heure de liberté ». Moins théâtral qu’Un album, penchant davantage du côté de la performance du fait, entre autres, de la présence imprévisible de l’équidé, Hate prend place devant une grande toile peinte imaginée par Philippe Quesne, entre paysage romantique à la Caspar Friedrich et évocation des grands lacs d’Amérique du Nord. Laetitia Dosch y déboule en squaw, amazone nature, simplement ceinte à la taille d’un fourreau. Au milieu des chants d’oiseaux et des bruits d’orage, elle dialogue avec cette présence douce et massive, attendrissante et menaçante, hongre à la robe blanche et au pénis pendant. Soliloque d’abord, avant que le cheval ne se mette à parler, puis, comme on l’a évoqué, à rapper. Elle le monte, l’appâte, le fait courir mais jamais tourner bourrique. Lui la hume, l’embrasse, la lèche et finit par la quitter. Ils font donc comme dans les vraies histoires. De quoi ça parle ? D’un monde d’humains indifférents les uns aux autres qui n’arrivent pas à se parler. De l’amour vache où s’opposent tyrannies égocentriques et espoirs de se diluer. De ces autres qu’on voudrait mener à la baguette et qui cherchent à nous dompter… Il y a dans ce drôle d’animal, Laetitia Dosch, une façon vraiment unique de s’emparer de notre humanité.
Eric Demey
Du 25 au 28 septembre et du 1er au 4 octobre 2019 à 20h30. Tél. : 01 56 08 33 88. Spectacle vu au Printemps des Comédiens 2018. Durée : 1h20.
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