« La peau n’est-elle pas le véritable costume du corps ? » En posant cette question, Daniel Léveillé pose magistralement l’énigme de notre rapport au corps.
Le Théâtre de la Bastille programme une pièce que le chorégraphe montréalais a créée en 2001 : au cours de ses huit années d’existence, elle a constamment interrogé les spectateurs, renvoyés à la « dureté de la vie » (Daniel Léveillé explique que cette oeuvre est née de sa rencontre avec un jeune drogué et de sa découverte de la vie des jeunes de la rue) mais aussi à leur propre intimité. Et pour cause : les quatre interprètes, du début à la fin, sont exposés dans une nudité intégrale. La pièce, un petit bijou de précision que l’on pourrait voir comme une pièce « abstraite » à la construction vertigineuse, prend dès lors un sens immédiat, et instaure entre les danseurs et les spectateurs une relation intense. Lorsque les danseurs ont fait les premiers essais nus, « on était devant une sorte de vérité », souligne Daniel Léveillé. « Les corps devenaient fragiles et le spectateur, plutôt que d’avoir l’envie d’en amener un dans son lit, souhaitait plutôt les protéger, les couvrir ».
Amour, acide et noix, chorégraphie de Denis Léveillé, du 6 au 10 avril 2010 à 21H. Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, 75011 Paris. Réservations : 01 43 57 42 14