Gilles Bouillon s’attaque à Feydeau avec Dormez, je le veux ! et Mais n’te promène donc pas toute nue ! Rencontre.
Gilles Bouillon fait coup double ! Deux [...]
Épopée contemporaine de Mariette Navarro, Alors Carcasse offre à la marionnettiste Bérangère Vantusso la base d’un langage singulier. D’un poème où les corps et des tiges de bois se mêlent aux mots pour dire la difficulté d’être au monde.
Carcasse, le personnage éponyme d’un texte de Mariette Navarro (Cheyne éditeur, 2011), n’a besoin de personne pour penser à se la bouger. Ça l’obsède, même. Il veut participer au monde. Il veut y plonger, s’engager. Mais entre sa pensée et ses gestes, il y a un décalage tel qu’il n’arrive à rien. Même pas à se la traîner, la carcasse, ni à la faire trembler. Bref, le type – ou plutôt la figure, car tout l’empêche d’accéder vraiment au statut d’individu – échoue autant à devenir le héros de ses rêves qu’à illustrer les nombreuses expressions où son patronyme – nom, prénom, surnom ? – est utilisé de manière peu flatteuse. Carcasse se tient là, c’est tout. Il n’est pas le seul, mais il le fait d’une manière étrange. Alignés dans une semi-obscurité, les six interprètes d’Alors Carcasse mis en scène par Bérangère Vantusso semblent là pour témoigner de cette anomalie. « Plusieurs aussi sont là », disent-ils pour briser le silence du plateau, « mais Carcasse particulièrement est au seuil, caresse du pied le seuil et se tient là, avec au visage une impression d’absence qui cloche beaucoup avec le reste ». Eux ne sont ni Carcasse ni ces autres, qu’ils qualifient simplement de « Plusieurs ». Sans doute sont-ils un peu des deux : des êtres pris entre des courants contraires, qui tentent de donner forme à leurs questions, qui sont celles de l’Homme face au monde.
Des tiges et des hommes
Pour aborder cette drôle de fable, sans intrigue ni protagonistes au sens classique du terme, Bérangère Vantusso, directrice depuis 2017 du Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine, s’éloigne du langage développé avec sa compagnie Trois-six-trente. Pas de marionnettes à taille humaine dans cette nouvelle création. Seulement des corps et des tiges en bois, « de celles qui servent à animer les marionnettes », précise l’artiste dans son dossier artistique. Une belle idée, parfaitement servie par les six comédiens et marionnettistes de la pièce – Boris Alestchenkoff, Guillaume Gilliet, Christophe Hanon, Fany Mary (en alternance), Sophie Rodrigues, Stéphanie Pasquet –, qui avec leur voix et leur jeu de bâtons nous entraînent dans un voyage au cœur de la matière et de l’âme humaine. Interprété par Bérangère Vantusso, l’univers de Mariette Navarro sollicite ainsi l’imaginaire du spectateur. Jusqu’à ce que le texte prenne une tournure plus conventionnelle en faisant un peu trop clairement de Carcasse un étranger rejeté par la société. Ce qui rapproche le spectacle des très nombreuses créations consacrées depuis quelque temps à l’immigration, et lui ôte une partie de sa force et de sa singularité. Mais il garde son charme, qui doit beaucoup au caractère artisanal, presque enfantin de la représentation. À sa délicate humilité.
Anaïs Heluin
Les 27 et 29 novembre à 20h30, le 28 à 19h30. Tel : 01 30 86 77 79. www.theatre-sartrouville.com. Également les 5 et 6 décembre au Manège à Reims, du 4 au 6 février au NEST à Thionville, du 12 au 14 février au TJP à Strasbourg, le 4 mars au Théâtre Jean Art à Clamart, en partenariat avec le festival Marto !, du 12 au 15 mars au Théâtre des Quartiers d’Ivry. Spectacle vu au Studio-théâtre de Vitry-sur-Seine. Durée : 1h15.
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