La Terrasse

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Théâtre - Critique

Alice et cetera

Alice et cetera - Critique sortie Théâtre
Crédit : Pidz Légende : Alice et cetera, un triptyque pimpant et acidulé mis en scène par Stuart Seide.

Publié le 10 avril 2010

A la tête d’un groupe de jeunes comédiens issus de l’EPSAD*, le metteur en scène Stuart Seide assemble trois pièces de Dario Fo et Franca Rame, pièces centrées sur les relations homme/femme. Une belle proposition, toute en fantaisie et sensibilité.

« Qu’est-ce qu’être femme dans un monde géré, dirigé, gouverné par les hommes ? Quelles frictions en résulte-t-il ? ». Ces questions nourrissent les choix artistiques de Stuart Seide depuis de nombreuses années. De Mary Stuart de Friedrich Schiller à Baglady de Franck McGuiness, en passant par Dommage qu’elle soit une putain de John Ford, pour parler de ses créations les plus récentes, le directeur du Théâtre du Nord s’est souvent intéressé aux figures féminines, aux textes mettant en jeu la complexité et l’ambivalence des relations homme/femme. Aujourd’hui, il poursuit sur cette voie en reprenant Alice et cetera au Théâtre du Rond-Point, spectacle créé à Lille en mai 2008. Faisant se succéder trois pièces courtes de Dario Fo et Franca Rame, le metteur en scène réunit six jeunes comédiens (Chloé André, Anne Frèches, Anna Lien, Sébastien Amblard, Jonathan Heckel et Caroline Mounier) dans un triptyque plein de vivacité et de dérision.
 
Caroline Mounier : une formidable Antonia
 
Le spectacle débute par l’apparition psychédélique d’une Alice triple, jeune femme démultipliée posant un regard sans concession sur la condition féminine (Alice au pays sans merveilles,écrit en 1976). Suit le monologue d’une mère de famille sans histoire qui décide, un beau jour, de briser la routine de sa solitude en s’autorisant une escapade extraconjugale (Je rentre à la maison, écrit en 1982, texte interprété de façon joliment sensible par Sébastien Amblard). Quant à la fin de la représentation, elle ouvre sur un vaudeville social truculent qui interroge les utopies morales et sexuelles nées des mouvements de mai 1968 (Couple ouvert à deux battants, écrit en 1983). A travers ces trois pièces aux traitements contrastés, Stuart Seide mêle drôlerie et points de vue acérés sur les difficultés, sur les tiraillements pouvant venir troubler les rapports de couple. Des rapports touffus, entortillés, que la jeune Caroline Mounier nourrit de manière éclatante. La réussite de ce spectacle profite largement de son étonnante présence scénique. Douée d’un sens naturel de la comédie, la jeune interprète brûle littéralement les planches dans le rôle d’Antonia. Elle offre, à travers ce rôle d’épouse questionnée par la libération des mœurs, l’une des compositions les plus séduisantes de ce joyeux moment de théâtre.
 
Manuel Piolat Soleymat


* Ecole professionnelle supérieure d’art dramatique de la région Nord – Pas de Calais.
 
Alice et cetera (Alice au pays sans merveilles / Je rentre à la maison / Couple ouvert à deux battants), de Dario Fo et Franca Rame (textes français de Valeria Tasca publiés par Dramaturgie Editions) ; mise en scène de Stuart Seide. Du 9 avril au 15 mai 2010 à 20h30, les dimanches à 15h30. Représentations des 11, 12, 14 et 15 mai à 18h30. Relâche les lundis ainsi que les 1er, 2, 8, 9 et 13 mai. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris. Réservations au 01 44 95 98 21. Spectacle vu en mars 2010, au Théâtre du Nord. Durée de la représentation : 2h.

A propos de l'événement


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