La Nuit transfigurée
Les délicates subtilités de la nuit suivies [...]
Le chorégraphe Vincent Dupont pousse l’exploration des résonnances entre le mouvement et la voix jusqu’à la transe.
Les tambours suspendent, l’instant d’un soupir, leur increvable martèlement qui, depuis trois jours, appelle le génie de la brousse à protéger les récoltes contre les sauterelles. Devant les gens de ce village du Niger, une vieille femme, enrobée dans une couverture, entonne une danse de possession… C’est à partir de cette séquence du documentaire tourné en 1971 par le cinéaste et ethnologue Jean Rouch que Vincent Dupont a créé Air, partition pour deux corps sonores dialoguant avec un quatuor de chanteurs. Non qu’il illustre le film : il en extrait plutôt la quête de la transe. Fignolant chacune de ses pièces avec une extrême précision, le chorégraphe aime en effet à troubler la perception et fait souvent du corps un catalyseur de l’espace et du son pour révéler l’état intérieur. « Air cherche peut-être à savoir où se joue pour nous, aujourd’hui, cette transe engendrée par le regard des autres, des nôtres, et de quel ordre pourrait être son message. » explique-t-il. Sur la poésie de Charles Pennequin, Vincent Dupont invente un rituel où l’interaction entre les gestes et les voix ouvre à une étrange aventure perceptive.
Gw. D.
Les délicates subtilités de la nuit suivies [...]