Shai Maestro, pianiste en apesanteur
Vivifiant est le terme qui vient à l’esprit [...]
Africolor parvient à conjuguer au présent du suggestif grandes heures du passé et promesses de lendemains qui groovent autrement.
C’est l’une des constantes de ce festival qui annonce les frimas de l’hiver en convoquant les musiques ancrées plus au Sud : être le rendez-vous de toutes les esthétiques qui peuplent l’Afrique, sans oublier les communautés afro-diasporiques. Ce pari de l’oblique, qui permet de mettre sur un même plan (ou presque) les traditions les plus classiques et les expérimentations tendance éclectiques, rappelle que la musique est une matière vibrante, qu’il serait vain de vouloir réduire à une dimension. Voilà pourquoi on ne sera pas surpris de voir cohabiter sur le même programme la DJ franco-ivoirienne Lola Ondi Kwa, philosophe et féministe qui varie les plaisirs électroniques sur le dancefloor (le 5 à Montreuil) et Trans Kabar, un quartet qui s’inspire du Servis Kabaré, cérémonie réunionnaise festive issue des rituels des esclaves pensée pour communier au travers des sons avec les ancêtres (le 19 décembre à La Courneuve). Dans de mêmes perspectives aux faux airs de grands écarts, le concert d’ouverture – le 28 novembre à Pantin – convie sous l’intitulé Black Indians To The Casamance River un chef des tribus afro-américaines qui ont forgé l’ADN musical de La Nouvelle Orléans, et Ibaaku, un designer sonore originaire du Sénégal, pour une rencontre du troisième type, tandis que le traditionnel Noël Mandingue, avec pour maître de cérémonie le chanteur Socha, fera office d’ultime soirée le 24 décembre.
Cinquante ans d’indépendances lusophones
Entre ces deux bornes, le festival se sera encore démultiplié en toute singularité avec nombre de créations – Beatrad, un projet mené par le rappeur commorien Cheikh MC le 12 décembre à Stains ; celui associant le 10 décembre à la Dynamo de Pantin la voix afro-soul d’Emma Lamadji aux frères Ceccaldi, violon et violoncelle… – et tout autant de grands orchestres qui promettent bien du délire – le Mini-Jazz-Ouragan, un combo trempé dans le bain du kompa haïtien et de la rumba afro-cubaine, Los Forajidos du bassiste vénézuélien Raúl Monsalve, le 23 novembre et le 13 décembre à Rosny-sous-Bois… Morceaux choisis d’un plateau des mieux garnis, qui fait par ailleurs la part belle à l’Angola et au Cap Vert, deux pays qui célèbrent cette année le cinquantenaire de leur indépendance, avec Banda Duia, la nouvelle génération du côté de Luanda (le 17 décembre à Montreuil, le 18 à Saint-Denis), le Cesária Évora Orchestra qui honore la diva aux pieds nus (le 5 décembre à Goussainville, le 6 à Noisy-le-sec). Et pour que le tour d’horizon soit complet mention toute spéciale au dialogue entre la contrebassiste Sélène Saint-Aimé et la poétesse Simone Lagrand pour une relecture de Frantz Fanon, penseur majuscule dont on vient de fêter le centenaire.
Jacques Denis
En Seine-Saint-Denis, Infos : https://www.africolor.com
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Le saxophoniste associé à un quartette [...]