Landscape
Première en France de ce projet, qui lie le [...]
Une création d’Andrés Marin, c’est toujours un événement. Même s’il revient aujourd’hui avec une forme plus légère et toujours ancrée dans la puissance du chant flamenco, il s’impose encore comme un empêcheur de tourner en rond.
Avec Andrés Marin, le flamenco a toujours été un moment de virtuosité, d’attache aux racines, et d’explosion millimétrée. Mais il réussit à mêler ces éléments avec des contraintes spatiales, visuelles, et esthétiques promptes à opérer une révolution de l’intérieur. Sans compter ses collaborations : même s’il conserve ses complices au chant et à la guitare, il aime regarder par-delà son champ d’action pour étendre son rayonnement au contact d’autres artistes. Dernièrement, son travail avec Bartabas l’a conduit dans des chemins de traverse, trouvant dans cet homme un alter ego tout aussi possédé par son art que lui-même, dans un vrai moment de communion et de partage. Quand il ne devient pas sonneur de cloches, il travaille aussi avec des danseurs hip hop, en témoigne ce duo avec Kader Attou présenté à la Biennale d’art flamenco de Chaillot.
Expérimentation, improvisation et maîtrise de soi
Aujourd’hui, sa création Ad libitum revient à une forme très épurée. Le maître mot de cette nouvelle pièce semble être la liberté, qu’il expérimente ad libitum au gré de ce que veut bien lui livrer son corps. Tout à son écoute, il guette le lâcher-prise, le moment où ses propres barrières peuvent tomber, où le corps reprend le dessus sur la raison. Avec son grand chapeau et son costume taillé au plus près de sa silhouette, il se met à l’épreuve d’une improvisation toute maîtrisée, accompagné et porté par Segundo Falcon au chant et Salvador Gutierrez à la guitare. Dans ce solo, Andrés Marin se met lui-même dans la posture de pouvoir tout recevoir, y compris la plus petite sensation : l’explosion peut être contenue, et l’émotion peut jaillir d’un rythme quasi silencieux. Pour autant, il garde son sens inné de la ligne, et prouve qu’il sait s’imposer avec le moindre de ses gestes.
Nathalie Yokel
Théâtre Jean Vilar, 16 place du Théâtre 92150 Suresnes. Les 10 et 11 octobre 2014 à 21h, le 12 à 17h. Tél. : 01 46 97 98 10.
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