La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

À l’ouest du collectif BAJOUR, une fiction familiale

À l’ouest du collectif BAJOUR, une fiction familiale - Critique sortie Théâtre Montreuil Théâtre Public de Montreuil
© Olivier Allard Leslie Bernard

Théâtre Public de Montreuil / Écriture collective / Mise en scène de Leslie Bernard et Matthias Jacquin

Publié le 27 septembre 2022 - N° 303

Avec À l’ouest, les metteurs en scène Leslie Bernard et Matthias Jacquin du collectif BAJOUR mettent une nouvelle fois leur écriture de plateau épurée au service d’une fiction familiale. Les questions du souvenir et de la reconstruction sont au cœur de leur recherche.

Comme la première création dont vous avez cosigné la mise en scène, Un homme qui fume c’est plus sain (2016), vous ouvrez À l’ouest par un deuil dans une famille. Y prolongez-vous aussi votre réflexion sur la lutte des classes dans une même fratrie ?

Leslie Bernard et Matthias Jacquin : Pas du tout. Ces deux motifs, la famille et le deuil, nous permettent dans À l’ouest d’aborder la question de la reconstruction après un traumatisme, et des traces laissées par celui-ci. Nous avons pour cela placé notre fratrie, composée des frères Stéphane et Yan et de leur sœur Eliza qui viennent de perdre un frère et une sœur dans un incendie, dans un contexte politique et social difficile qui n’est pas sans ressembler au nôtre. Dans ce monde, il n’y a plus de travail, ce qui incite la famille à se replier sur elle-même.

Vous retrouvez dans cette création le noyau dur de l’équipe de votre première pièce. Avez-vous utilisé avec lui et vos deux nouvelles recrues les mêmes méthodes d’écriture ?

L.B. et M.J. : À partir de Un homme qui fume c’est plus sain, nous avons mis au point des outils que nous utilisons dans chaque création. Notre manière de travailler au plateau par exemple, avec des improvisations qui nous mènent à l’écriture, nous constitue. Mais nous explorons aussi pour chaque pièce des voies qui ne correspondent qu’à elle. Ici, le désir d’interroger comment avancer avec légèreté dans un moment tragique nous a menés vers un chemin esthétique particulier.

« Des moments oniriques s’invitent, qui permettent notamment l’entrée en jeu de fantômes »

Quelle théâtralité employez-vous pour représenter votre fratrie endeuillée ?

L.B. et M.J. : Nous nous appuyons d’abord sur un théâtre réaliste, même naturaliste, sur des situations que tout le monde peut connaître. Et dans cette esthétique, des moments oniriques s’invitent, qui permettent notamment l’entrée en jeu de fantômes. Notre écriture est très cinématographique, dans sa manière de travailler sur les flashbacks et de créer des images. Cela crée une forme de distance, de même que notre recours au chant.

Le chant est-il aussi une échappée de l’univers sombre de la pièce ?

L.B. et M.J. : Sans doute, mais il serait faux de penser que À l’ouest est totalement sombre. Pour nous, le rire est l’une des émotions les plus intelligentes, donc nous essayons d’introduire de l’humour au sein de notre famille. La pièce n’est pas dénuée d’espoir. De « petits » personnages venant de l’extérieur font bouger les choses au sein de la maison, et les sortent ainsi de leur huis clos. Nous pouvons trouver deux catégories de protagonistes : ceux qui veulent rester dans le foyer, et ceux qui veulent en sortir. Ceux-là ont un rôle important dans l’histoire.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

À l’ouest
du lundi 10 octobre 2022 au jeudi 27 octobre 2022
Théâtre Public de Montreuil
63 rue Victor Hugo, 93100 Montreuil

du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h. Tel : 01 48 70 48 90. https://theatrepublicmontreuil.com. Le 7 janvier au Théâtre des Jacobins à Dinan et le 19 janvier à la Salle Louis Jouvet à Vitré.

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre