Solo pour piano et corps : à la rencontre « Des pieds et des mains » d’Hervé Maigret.
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Avignon / 2025 - Entretien / Frank Berthier
Franck Berthier met en scène cette fiction historique féministe avant l’heure, qui s’inspire de la figure méconnue de l’épouse de Shakespeare, Anne Hathaway (1556-1623). Kady Duffy interprète cette femme solitaire, qui affronta de douloureuses épreuves et traça un chemin d’indépendance.
Quel portrait fait l’auteur canadien Vern Thiessen de cette femme mal connue ?
Franck Berthier : Elle incarne bien avant l’heure le combat de toutes les femmes qui se sont un jour soulevées face au diktat des hommes. Elle est une pionnière, une voix, celle de Gisèle Halimi, celle de Simone Veil, celle de Virginia Woolf. Vern Thiessen en a fait une femme gracieuse, courageuse, fièrement imparfaite. Libérée de tout carcan, elle a l’audace des Amazones, et aussi une forme de pudeur. Elle peut être à la fois farouche, provocatrice, sensuelle, et désarmante de vérité.
En quoi la pièce est-elle une épopée shakespearienne ?
F.B. : Il y a en Anne H la folie d’une Lady Macbeth et l’errance d’une Ophélie, l’humour d’une Titania, et la gravité d’un Hamlet. On y retrouve la petitesse du théâtre qui permet de mieux évoquer l’immensité du monde, comme l’écrit l’homme de théâtre et universitaire Jean-Pierre Sarrazac.
Qu’appréciez-vous dans l’écriture de Vern Thiessen, que vous avez aussi nouvellement traduite ?
F.B. : La poésie, la modernité, la subtilité. La justesse de ton aussi. J’ai eu l’occasion de mettre en scène par le passé Eileen Shakespeare de Fabrice Melquiot, qui raconte le parcours fantasmé de la sœur de William Shakespeare. En découvrant l’œuvre de Thiessen, j’y ai vu un parallèle évident. Je trouvais judicieux de tenter de percer le secret de l’homme derrière l’auteur, à travers les témoignages de sa sœur et aujourd’hui de sa femme.
Qui est Kady Duffy, son interprète avec laquelle vous avez traduit ce seul en scène ?
F.B. : Diplômée du Trinity College de Dublin, Kady Duffy est une comédienne américaine ayant travaillé des années à Broadway ainsi qu’en Irlande, dirigée par des auteurs de renom dont Danya Taymor et Thomas Kail, tous deux lauréats de Tony awards. Elle marque avec élégance et profondeur le personnage d’Anne H. J’ai été saisi par les variations de sa voix, sa présence scénique fragile et puissante, et sa grande capacité d’évocation.
De quelle manière mettez-vous en scène ce portrait ?
F.B. : Je suis et reste toujours influencé par l’œuvre de Bob Wilson, avec lequel j’ai eu le plaisir de collaborer il y a maintenant trente ans. La rigueur du mouvement, le dessin du geste ont été essentiels pour mettre en valeur le récit d’Anne H. Comme un chemin de vie, l’espace contraint la comédienne à évoluer sur un lé de tissu blanc faisant figure de testament. Entre ombre et lumière.
Propos recueillis par Agnès Santi
à 18h, relâche les 9, 16 et 23 juillet.
Tél. : 04 32 74 18 54.
Durée : 1h20.
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