« Croire aux fauves » : Laure Werckmann adapte et interprète le récit autobiographique de l’anthropologue Nastassja Martin
Laure Werckmann adapte et interprète le récit [...]
À la Comédie de Saint-Étienne, où il est artiste associé (et parrain de la promotion 33 de l’école supérieure nationale d’art dramatique rattachée au théâtre), l’auteur et metteur Gérard Watkins crée À condition d’avoir une table dans un jardin. Une comédie acérée, d’une grande intelligence, qui creuse les peurs, les contradictions et les impensés du mode de vie occidental contemporain.
Mettre la main dans un gant et le retourner. Voici, pour reprendre les termes de Gérard Watkins, l’une des clés du théâtre auquel il travaille. Et c’est précisément ce que l’auteur et metteur en scène (double lauréat du Grand Prix de littérature dramatique — en 2010 pour Identité, en 2022 pour Scènes de Violences Conjugales) opère dans À condition d’avoir une table dans un jardin, texte brillant publié aux Éditions Esse Que et créé à la Comédie de Saint-Étienne par Gaël Baron, Julie Denisse et David Gouhier. Il faut d’abord parler du style particulier de l’écriture au sein de laquelle Gérard Watkins nous déplace. Un style d’une précision horlogère fait d’incises, de reprises, de contrepoints, de digressions inopinées, de rebonds paradoxaux. Un style qui vient nourrir l’intelligence d’un propos sur le rapport de l’être humain à la nature et la vision inspirée d’une pièce débordant très librement les périmètres des genres et des catégories. Oscillant entre paroles loufoques, réflexions politiques et mystères poétiques, À condition d’avoir une table dans un jardin contrecarre en permanence les attendus de la stabilité réaliste.
Les bouffées loufoques et poétiques d’un reportage ethnologique
Entrent en scène Fabienne et son époux, Arnaud, qui se voient contraints d’accueillir dans leur pavillon bourgeois des Yvelines, pour une période de dix jours et onze nuits, un citoyen BaMbuti de la République Démocratique du Congo. Cela parce que les conditions générales de vente de la table en iroko massif qui trône depuis dix ans dans leur jardin (qu’ils ont signées sans les lire) les y engagent. Les deux Français sont ainsi confrontés, bien malgré eux, à la présence de Darius, ethnologue congolais à la personnalité étrange venu étudier leur cadre et leur mode de vie. S’en suivent des spirales de discussions à la lisière de l’absurde qui laissent apparaître, de manière elliptique, des pensées liées à la déforestation, à la colonisation, aux relations que les Européens et Européennes que nous sommes entretiennent avec leur histoire, leur environnement, leur généalogie, la perspective proche ou lointaine de leur disparition… Gérard Watkins et ses excellents interprètes ne nous font pas la morale. Ils nous transportent dans un monde de théâtre au charme vif et raffiné. Un monde allègre, tranchant, qui nous amène, tout en nous égayant, à questionner sans nous voiler la face le principe de responsabilité et le besoin de réparation.
Manuel Piolat Soleymat
à 20h, relâche du 10 au 12 octobre. Durée : 2h. Tél. : 04 77 25 14 14. www.lacomedie.fr
Également au Théâtre Gérard Philipe – CDN de Saint-Denis du 4 au 15 février 2026.
Laure Werckmann adapte et interprète le récit [...]
La 38ème édition de CIRCa offre à Auch un [...]
Le Théâtre du Châtelet ouvre sa saison avec [...]