30/40, Livingstone

Il y a quelque chose d’énigmatique chez Sergi López. Quelque chose qui perce sous une apparence simple et généreuse : une forme de densité secrète venant enrichir une première impression d’homme ouvert et souriant, de séducteur au charme naturel. Ainsi, derrière la solidité terrienne, se cache une sensibilité teintée de poésie. C’est ce qui fait la singularité de celui qui fut, en 2001, le premier interprète de nationalité étrangère à obtenir un César du meilleur acteur (pour sa performance dans Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll). Avant cela, il avait déjà été remarqué dans des films de Manuel Poirier, cinéaste qui lui ouvrit les portes du cinéma au début des années 1990 (La Petite amie d’Antonio, Western). Mais si c’est le septième art qui fit connaître Sergi López au grand public, c’est bien au théâtre qu’il accomplit ses débuts de comédien.

La « chronique azimutée d’un parcours à la découverte de soi »

Premiers pas sur les planches, en Catalogne, au milieu des années 1980. Arrivée à Paris en 1990, pour entrer à l’Ecole Internationale de Théâtre de Jacques Lecoq, où il fait la connaissance de Jorge Picó. Collaboration avec la compagnie de Philippe Genty. Création du monologue Non Solum en 2005… Artiste libre et éclectique, Sergi López traverse les frontières et transgresse les enfermements pour aller de pays en pays, de discipline en discipline, pour se laisser aller à ses goûts et ses envies multiples. Ainsi, malgré son succès au cinéma, il a gardé un œil sur les planches, écrivant, jouant, mettant en scène. Aujourd’hui, aux côtés de Jorge Picó, il présente 30/40, Livingstone — spectacle loufoque dans lequel il incarne un explorateur obsédé par la recherche d’un animal légendaire : une créature ailée aux cornes en plastique. Une occasion de retrouver ce comédien attachant dans la « chronique azimutée d’un parcours à la découverte de soi ».

Manuel Piolat Soleymat