20 danseurs pour le XXe siècle

« Un musée de la danse » : c’est ce nom évocateur – et provocateur – que Boris Charmatz a donné au Centre chorégraphique national qu’il dirige, à Rennes. Une façon de revendiquer pour la danse le même statut, la même prise en compte que pour les arts plastiques, dont les œuvres sont depuis longtemps préservées et mises à disposition de tous par les musées. Une façon, aussi, d’interroger ce qui fait musée, ce qui fait œuvre, ce qui fait patrimoine : dans le cas de la danse, le corps du danseur lui-même est une « collection » de gestes, de postures et d’habiletés motrices… Boris Charmatz met en scène cette histoire vivante dans 20 danseurs pour le XX^e siècle, déjà présenté à la bibliothèque des Champs-Libres à Rennes ou au MoMA à New York : le spectateur déambule et se laisse surprendre par 20 danseurs, incarnant 20 solos de styles variés.

Redistribuer le répertoire

Au Palais Garnier, temple mémoriel de la danse, ce projet prend une ampleur nouvelle. S’insinuant dans tous les espaces de l’Opéra, de la bibliothèque au hall d’entrée, vingt danseurs de la compagnie livrent, dans une proximité inédite avec les spectateurs, leur propre musée corporel. Comment cette histoire de la danse à la fois collective et intimement singulière va-t-elle déplacer les attentes, les regards, les savoirs constitués ? Sur un mode à la fois joyeux et subtilement subversif, c’est l’institution elle-même qu’il s’agit de remettre en jeu.

Marie Chavanieux