La Terrasse

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Théâtre - Critique

Le paradoxe des jumeaux

Le paradoxe des jumeaux - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Reine Blanche
Le paradoxe des jumeaux au Théâtre de la reine blanche CR : Pascal Gély

Théâtre de la reine blanche / Jean-Louis Bauer et Elisabeth Bouchaud / mes Bernadette Le Saché

Publié le 23 novembre 2017 - N° 260

Le paradoxe des jumeaux, à cheval entre carrière scientifique et déboires personnels, rend maladroitement hommage à Marie Curie.

Elle fut la première femme à recevoir un prix Nobel et sa dépouille repose, depuis 1995 et un transfert à la mise en scène grandiloquente, au Panthéon. Marie Curie, figure iconique française pourtant née Maria Salomea Skłodowska en Pologne, a eu fort à faire avec la domination masculine à la bascule du XXème siècle. C’est ce que nous apprend Le paradoxe des jumeaux, qui croise l’histoire d’amour entre Marie Curie et Paul Langevin, et le récit d’une femme scientifique au travail dans une France patriarcale où sourdent le racisme et la pensée réactionnaire. C’est Elisabeth Bouchaud qui est à l’origine de ce projet. Responsable du Théâtre de la reine blanche depuis deux ans, cette femme à la fois physicienne, actrice et autrice cherche à mettre la science à l’honneur dans cette salle située du côté de la Chapelle, à deux pas des Bouffes du Nord. Un projet ambitieux, original et pertinent qui trouve malheureusement dans ce Paradoxe des jumeaux une réalisation inaccomplie.

Une science en pleine ébullition

Théâtre naturaliste au programme avec pour décor le cabinet de travail de Marie Curie. Tableau noir blanchi de notes à la craie, éprouvettes, fioles et béchers remplis de substance chimique sur la table, Marie Curie est incarnée par Elisabeth Bouchaud elle-même, qui rend convaincant et crédible son personnage de femme forte et déterminée, mais aussi sensible et fragile. Avec elle, sa sœur et le fameux Paul Langevin. Nous sommes en 1911 quand Marie Curie vient recevoir à Stockholm son second prix Nobel – le premier avait été attribué à elle et son mari, Pierre, décédé depuis dans un accident de calèche. Polonaise dans une France à moitié anti-dreyfusarde et participant à une relation adultérine avec Paul Langevin, relayée par la presse, Marie Curie affronta la tourmente qui se compliqua d’une forme de lâcheté de son amant. Ce sont les quatre années qui menèrent à cette situation de crise qu’ont décidé d’éclairer les auteurs. On y croise Einstein et sa théorie de la relativité et les bouleversements d’une science en pleine ébullition, mais aussi les raideurs et les hypocrisies d’une société en transition. Le manque de rythme et d’enjeux dans les situations mises en place rend la mise en scène convenue. On apprend certes des éléments souvent écartés de l’Histoire officielle et l’icône Curie s’humanise, prend vie, mais la forme ronronnante et un peu datée du spectacle ternit la portée du projet.

Eric Demey

A propos de l'événement

Le paradoxe des jumeaux
du jeudi 16 novembre 2017 au jeudi 28 décembre 2017
Théâtre de la Reine Blanche
2bis Passage Ruelle, 75018 Paris, France

du jeudi au samedi à 20h45, les dimanches à 15h30. Egalement le vendredi 1er et mardi 19 décembre à 14h30. Relâche le 24 décembre. Tel : 01 42 05 47 31. Durée : 1h15.

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