La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -261-Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

L’Imparfait

L’Imparfait - Critique sortie Théâtre Sartrouville Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
Olivier Balazuc © D. R.

Texte et mes Olivier Balazuc / dès 8 ans
Entretien / Olivier Balazuc

Publié le 8 décembre 2017 - N° 260

Olivier Balazuc invente et met en scène les aventures de Victor, aux prises avec les prescriptions normatives de ses parents et qui comprend que les taches ne sont pas si graves, puisqu’il y en a même sur le soleil !

Quel est le thème de la pièce ?

Olivier Balazuc : J’ai voulu parler des modèles prescriptifs, qui concernent autant les enfants qui les subissent que les adultes qui les transmettent par l’éducation. La crise, la peur de l’échec ou de l’exclusion sociale font que notre imaginaire n’a jamais été autant gouverné par eux. J’avais envie d’en parler avec humour en poussant la situation jusqu’à l’absurde. On parle beaucoup, aujourd’hui, de transhumanisme, de réalité augmentée : au lieu de croire en nous-mêmes, on croit au progrès technique. C’est ainsi que sont nés « Papamaman », « Victor 1 » et « Victor 2 ».

« Il faut beaucoup rêver pour inventer la vie. La perfection est réactionnaire. »

Que raconte l’histoire ?

O. B. : C’est une famille comme tout le monde ! Les parents aimants veulent le meilleur pour leur enfant. Ils mettent en place un protocole qui finit par étouffer la personnalité de l’enfant. Victor nous guide dans un jeu qui semble facile, puisqu’il a toutes les bonnes réponses. Il sait plaire à « Papamaman »! Il fait tout bien, il colorie dans les marges. Mais ce jeu n’empêche pas l’éclosion du je, et voilà que Victor fait un pas de côté, explore sa part désirante et met en question la voie unique et prescriptive de son éducation. Il commence par déborder des lignes de coloriage… Ça ne plaît pas ! Alors il déborde un peu plus ! Tout le monde s’en mêle, des amis des parents aux médecins et, en désespoir de cause, les parents finissent par faire l’acquisition d’un robot, « Victor 2 ». Ce robot est programmé pour inciter le vrai Victor à agir sur commande. Très vite, Victor se rend compte que ses parents préfèrent le robot. Première blessure narcissique : si on veut devenir soi-même, il faut bien commencer par décevoir ! L’enfant essaie d’abord de détruire le robot, de le reprogrammer pour qu’il fasse des bêtises, mais il est comme banni et finit par s’enfermer dans le placard de sa chambre pendant que le robot prend sa place. Les parents entrent alors dans une monotonie insupportable avec un enfant qui répond toujours quand on lui parle et fait toujours le même dessin. Ils pètent alors les plombs et tout se libère : Victor et la fantaisie.

Cette pièce est-elle un éloge de l’imperfection ?

O. B. : Oui ! Accepter l’imperfection, c’est accepter la perfectibilité. La vie est à inventer, à expérimenter au niveau individuel et collectif. L’horizon de crise pèse sur nous comme une chape de plomb métaphysique. On nous demande d’accepter ou de renoncer. Or, il faut beaucoup rêver pour inventer la vie. La perfection est réactionnaire. Les forces progressistes remettent tout le temps la vie en jeu. L’Imparfait, c’est un éloge du présent. Victor comprend qu’on peut être dans la vie et la réinventer. Et si le théâtre ne raconte pas ça, tout est à désespérer !

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

L’Imparfait
du lundi 15 janvier 2018 au samedi 17 mars 2018
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
Place Jacques Brel, 78500 Sartrouville, France

Tournées des six créations dans le département des Yvelines du 15 janvier au 17 mars 2018. Puis tournées nationales.

Tel : 01 30 86 77 79.

www.theatre-sartrouville.com.

 

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