La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Cold Blood

Cold Blood - Critique sortie Théâtre élizy-Villacoublay L’Onde - Théâtre Centre d’art
Cold Blood, la nouvelle création du Collectif Kiss & Cry. Crédit : Julien Lambert

L’Onde / textes de Thomas Gunzig / mes Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey.

Publié le 25 octobre 2016 - N° 248

Il y a cinq ans, leur première création parlait des voies de l’amour. Aujourd’hui, le collectif belge Kiss & Cry interroge les derniers instants de l’existence. Virtuose.  

Il y a, dans l’univers si particulier du collectif Kiss & Cry, une forme de lenteur, d’onirisme, de mise à distance du monde. Quelque chose, aussi, de l’ordre de la douceur et de la mélancolie. Comme si la chorégraphe Michèle Anne De Mey et le cinéaste Jaco Van Dormael refermaient la porte d’une chambre, avant d’accéder au monde des rêves, pour nous faire partager une histoire issue de leur imaginaire. Ou plutôt une suite d’histoires (liées les unes aux autres par le biais de subtils fondus-enchaînés) qui se composent de mots, bien sûr, mais aussi bien de matière musicale, d’images, de toutes sortes de tableaux et de panoramas. A la croisée des genres – le cinéma, la danse, la musique, le théâtre – les deux artistes belges donnent naissance à ce qu’ils appellent des nano-univers. Au sein de ces mondes miniatures, mains et doigts prennent la place d’êtres humains. De femmes et d’hommes qui, dans Cold Blood, sont appelés par la mort. Et vivent leurs derniers instants de vie.

La mort au bout des doigts

Tout se fabrique à vue, sur un plateau de théâtre qui se transforme en plateau de cinéma. Tournant autour de boîtes-maquettes qui font office de décors, des caméras permettent de projeter sur un écran les gros plans de scènes que l’on voit, en direct, se mettre en place sous nos yeux. Les interprètes et techniciens à l’œuvre, soumis à des canevas millimétrés, sont condamnés à la virtuosité. Tout cela, quoique d’une grande technicité, possède le charme des bricolages poétiques. Et si l’on pouvait reprocher aux textes de Thomas Gunzig, dans le premier spectacle du Collectif Kiss & Cry, de céder aux facilités d’un sentimentalisme à l’eau de rose, ceux de Cold Blood (du même auteur) se révèlent moins attendus. Dans cette nouvelle proposition, Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey affinent encore leur univers. Laissant se déployer davantage d’ambiguïtés, davantage de temps de suspension, ils font surgir des paysages plus amples et des atmosphères plus mystérieuses. De quoi se laisser emporter, d’un chemin de vie à l’autre, par l’étrangeté de cette déambulation à la frontière du trépas.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Cold Blood
du jeudi 24 novembre 2016 au samedi 26 novembre 2016
L’Onde - Théâtre Centre d’art
8 Avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay, France

à 20h30. Durée de la représentation : 1h15. Spectacle vu à Montpellier le 9 juin 2016, dans le cadre du Festival Le Printemps des Comédiens. Tél. : 01 78 74 38 60. www.londe.fr

 

Egalement du 14 au 22 décembre 2016 au Théâtre de Namur, du 24 au 26 janvier 2017 au Maillon à Strasbourg, du 8 au 17 février aux Célestins – Théâtre de Lyon, du 28 février au 1er mars au Théâtre de Cornouaille à Quimper, du 8 au 17 mars au KVS à Bruxelles, les 22 et 23 mars au Festival Composites à Compiègne, du 25 au 27 avril au Quai à Angers, du 1er au 3 juin au Festival Perspectives à Sarrebruck.

 

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