Soléart fest’
Un festival de la diversité revendiquée [...]
L’ancien saxophoniste de Miles Davis et de Weather Report, de passage à Paris à la tête du quartet avec lequel il joue depuis plus de quinze ans, est animé par une quête d’inouï intacte.
Le quartet de Wayne Shorter est-il le meilleur groupe de jazz au monde ? La question a beau paraître outrancière sur le papier, elle n’est pas infondée pour tous ceux qui restent stupéfaits par le degré d’interaction immédiate et d’invention subite que les quatre musiciens cultivent depuis 2001, loin, très loin de la manière dont la musique s’envisage dans la plupart des groupes actuels. « Nous ne répétons jamais » assure d’ailleurs le saxophoniste. La complicité musicale qui unit ces musiciens et leur capacité à élaborer une musique à partir des plus infimes suggestions sont, en tout cas, fascinantes à suivre lorsqu’elles sont à l’œuvre. À chaque apparition, le groupe manifeste son exceptionnelle entente, entre la pratique d’une improvisation très ouverte et l’exploration de quelques standards vaguement identifiables tant l’interprétation en est devenue allusive. Depuis qu’il a refondé son quartet avec le pianiste Danilo Perez, le contrebassiste John Pattitucci et le batteur Brian Blade, le saxophoniste ne semble plus envisager la musique que dans le mouvement d’elle-même, toujours inachevée, constamment remise sur le métier. Sans début ni fin, elle devient pure apparition, constante exploration. A 83 ans, le saxophoniste, révélé autrefois par Art Blakey et Miles Davis, n’a plus rien à prouver. Il navigue dans l’instant, avec des manières de sphinx impénétrable et malicieux, alternant le ténor et le soprano, pour des concerts fleuves où la surprise alterne avec l’interrogation, le tâtonnement avec le sublime.
Vincent Bessières
à 20h30. Tel. 01 44 84 44 84. Place : de 30 à 60 €.
Un festival de la diversité revendiquée [...]