LA DAMNATION DE FAUST
La fresque faustienne de Berlioz est dirigée [...]
Deux barytons accompagnés au piano livrent leur vision de l’errance romantique.
Le Théâtre des Bouffes du Nord entame ce mois-ci un cycle « Grandes voix » avec des soirées de Lieder chantés par des barytons, avant d’accueillir les sopranos Juliane Banse en avril et Barbara Hannigan en juin. Thème de la première soirée, le Wanderer est une figure éminemment romantique : l’âme en peine, il erre dans la nature en espérant se trouver lui-même. C’est le nom donné par Wagner au dieu Wotan lors de la deuxième journée de l’Anneau du Nibelung. Renonçant au pouvoir et à l’amour, il quitte son Walhalla doré pour être réduit au silence jusqu’à la fin de la Tétralogie. Déjà auteur d’une Ring Saga avec le même Ivan Ludlow en Wotan/Wanderer, Antoine Gindt met en scène une suite du Ring où le dieu déchu s’exprime au travers de mélodies de Rihm sur des textes de Nietzsche, des Lieder de Wagner, des chansons plus légères. Le format baryton/piano typique du Liederabend à la Schubert n’interdit pas les audaces scéniques.
C’est dans ce dispositif traditionnel que le baryton viennois Georg Nigl et la pianiste française Vanessa Wagner donnent le cycle La belle Meunière, où le génie narratif de Schubert éclate bien plus que dans ses opéras. Comme dans le Voyage d’hiver, un jeune homme fuit la compagnie humaine par dépit amoureux mais le climat est ici bien plus contrasté, entre l’insouciance du premier Lied Das Wandern (qui définit le voyage comme une joie et non une errance), l’affrontement violent avec le rival ( Der Jäger – le chasseur) et la fin désespérée.
A.T. Nguyen
La fresque faustienne de Berlioz est dirigée [...]