La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien / Benoît Haller

Voix royales

Voix royales - Critique sortie Classique / Opéra Sceaux Les Gémeaux - Scène Nationale
© Clément Cineux

OPÉRA EN CONCERT / BAROQUE / SCEAUX

Publié le 25 janvier 2016 - N° 240

Révélé par son approche de l’œuvre de Heinrich Schütz, consacré par ses interprétations de Buxtehude et de Bach (Passion selon Saint Jean, Passion selon Saint Matthieu), l’ensemble alsacien la Chapelle Rhénane quitte ses territoires musicaux de référence pour une échappée quasi inédite vers la musique baroque anglaise et une première incursion dans le domaine de l’opéra. Rencontre avec le ténor et chef d’orchestre Benoît Haller, fondateur de la Chapelle Rhénane en 2001, qui aborde King Arthur de Purcell.

Comment est né l’ensemble La Chapelle Rhénane?

Benoît Haller : En 2001, j’avais déjà pas mal roulé ma bosse en tant que chanteur, auprès de personnalités comme Philippe Herreweghe, Thomas Hengelbrock, Frieder Bernius. Je me rendais compte que ces expériences étaient fondatrices pour moi. Mais j’étais aussi frustré de me plier à la sensibilité d’un autre chef. Mon envie était désormais de prendre les choses en main, au sens propre, en créant un ensemble que je souhaitais différent : une équipe de chanteurs à la fois rompus à la pratique solistique et à l’ensemble vocal, des artistes dont l’intérêt de travailler ensemble n’était pas purement musical mais également humain, peut-être même humain avant d’être musical. Un laboratoire, en quelque sorte.

« C’est la première fois que nous abordons le répertoire de l’opéra, avec un enthousiasme fou… »

Votre nouvelle création est consacrée au Roi Arthur de Purcell ? Pourquoi ce choix aujourd’hui ?

B. H. : Parce que c’est de la diversité des approches que naît la richesse ! J’ai une grande admiration pour Purcell : à mon sens, tout comme Charpentier, c’est un autre Schütz, parce que leurs musiques à tous trois sont vertigineusement profondes et complexes. J’aime m’y perdre, pour tenter de m’y retrouver au contact des musiciens de la Chapelle Rhénane.

Quelle est votre approche de cet ouvrage ?

B. H. : Conformément à la pratique que nous avons établie depuis nos débuts, la distribution sera à la fois chorale et solistique : les 8 chanteurs se répartissent les airs, duos et trios, et forment ensemble le chœur. C’est la première fois que nous abordons le répertoire de l’opéra, avec un enthousiasme fou, d’ailleurs, même s’il s’agit d’une version de concert. Le problème que pose King Arthur de Purcell, c’est que c’est un semi-opéra : les passages parlés représentent plus de la moitié de l’ouvrage. Or on ne peut pas faire abstraction de ces passages théâtraux : si les tableaux musicaux sont des moments d’intense émotion, l’action, elle, avance dans les dialogues parlés ; si on les supprime, le spectateur n’y comprend plus rien. Nous avons donc fait le choix de confier la narration de ces épisodes à la comédienne, auteure et metteuse en scène Elsa Granat. Enfin, je dirais qu’il y a chez Purcell une fausse évidence : la musique de King Arthur paraît simple, et pourtant, on y trouve des trésors de subtilité. Et puis, et ce doit être le principe qui préside involontairement à mes choix de répertoire, l’émotion est toujours à fleur de peau, prête à exploser !

 

Propos recueillis par Jean Lukas

A propos de l'événement

Voix royales
du vendredi 12 février 2016 au dimanche 14 février 2016
Les Gémeaux - Scène Nationale
49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France

Les 12 et 13 février à 20h45, le 14 à 17 h. Tél. 01 46 61 36 67. Places : 30 à 34 €.

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