Vincent Macaigne s’inspire de Richard III pour créer « Avant la terreur »

Dans sa précédente création, Je suis un pays (2018), Vincent Macaigne mettait en scène un monde bâti sur les ruines d’un passé refoulé. Il mettait en scène un groupe d’êtres humains après la fête, dans un cauchemar qui tenait autant de la série Z que du film gore, ou encore de la comédie. Avec Avant la terreur, programmé à la MC93 dans le cadre du Festival d’Automne, l’artiste revient à la relecture de classiques qu’il a déjà pratiquée dans Au moins j’aurai laissé un beau cadavre (2011), où il s’approprie Hamlet, et dans le dostoïevskien Idiot ! parce que nous aurions dû nous aimer (2014). Il retrouve Shakespeare, en particulier Richard III et Henri IV, afin de dresser « le portrait d’un système et d’une époque gangrenés tant par la corruption que par la bouffonnerie ».

Chaos pour une malédiction

De l’Angleterre dépeinte par Shakespeare, Vincent Macaigne retient son caractère aberrant, sa succession de catastrophes, d’assassinats entre familles prétendantes au trône. Réécrivant au plateau avec ses comédiens les pièces qu’il prend pour base, il imagine comme une sorte de chaos théâtral dont il a le secret. Il crée pour son spectateur les conditions d’une expérience « énorme, épique, délirante ». De sa forme, nous ne saurons presque rien avant sa création. Sinon que les œuvres de Shakespeare y volent en éclat dans un cri où la colère se mêle à la joie. Car l’enfance est là, comme la « garante d’une ultime innocence, qui préserve du pourrissement délétère des esprits ».

Anaïs Heluin