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Pour son deuxième opus, Sandrine Lescourant, [...]
Les Via Katlehong rencontrent Gregory Maqoma. Dans un cocktail sud-africain survolté et révolté, ils reviennent aux origines du pantsula, danse populaire de contestation.
La compagnie Via Katlehong, menée par Buru Mohlabane, Vusi Mdoyi et Steven Faleni, tire son nom du township de Katlehong, où ils résident. C’est un de ces quartiers déshérités où est née la danse pantsula, influencée par les cultures urbaines et les claquettes américaines. Gregory Maqoma, né à Johannesburg, est un danseur et chorégraphe contemporain très repéré internationalement (il a collaboré avec Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui), et très engagé dans la vie culturelle de son pays. Ensemble, ils ont créé Via Kanana, en référence à Canaan ou la Terre promise. Bien sûr, il s’agit des promesses d’égalité et d’une vie meilleure post-apartheid… qui n’ont jamais été tenues par les dirigeants politiques. Notamment pour cause de corruption, sujet central de cette création. Devant un écran vidéo qui fait apparaître des textes ou des paysages sud-africains, les danseurs se démultiplient en autant d’ombres chinoises, fantômes menaçants, voix d’un peuple invisible, ou spectres d’un passé douloureux. La chorégraphie, d’abord compacte, rassemble le groupe de huit danseurs dans un espace restreint, au centre du plateau, au sein duquel chacun tente de prendre le leadership.
Un groove d’enfer
Mais c’est la vitesse démoniaque du jeu de jambes et de pieds de la danse pantsula qui emporte le tout sur un rythme d’enfer. Chants traditionnels, projections, racontent les espoirs et désespoirs d’un peuple, tandis que sur l’écran s’affiche « reshuffle » (remaniement). Alternant les scènes et les musiques, de l’électro à la house en passant par des sonorités africaines, les interprètes expriment la révolte dans une danse minimale ou s’éclatent dans des sauts ébouriffants. Avec leurs frappes de main qui épousent tout le corps, ils nous racontent leur histoire à coup de rythmes et de pulsations. Ces différents tableaux évoquent toutes les formes de corruption, de la domination intime à la séduction générale, de la manipulation à la soumission brutale. L’ensemble est d’une vitalité et d’un dynamisme étourdissants.
Agnès Izrine
Du 6 au 9 décembre à 20h00. Tél. : 01 40 03 75 75. Spectacle vu à la Maison de la Danse à Lyon. Durée : 1h10.
Egalement : Le 1er décembre, au Rive Gauche à Saint-Etienne-du-Rouvray, le 12 décembre au Théâtre Paul Eluard de Bezons, le 15 décembre 2017, au Grand Angle à Voiron, le 19 décembre 2017 à l’Onyx de Saint-Herblain, les 12 et 13 janvier 2018, au Manège à Reims le 16 janvier 2018, au Manège à Maubeuge, le 23 janvier, à l’Espace des arts, Scène nationale de Chalon-Sur-Saône, les 26 et 27 janvier au Théâtre de Liège, les 30 et 31 janvier à l’Espace Malraux de Chambéry, les 2 et 3 février à la Maison de la musique, à Nanterre, le 6 février au Scènes du Jura à Lons le Saunier.
Pour son deuxième opus, Sandrine Lescourant, [...]