La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2015 - Entretien Sylvie Mongin-Algan

Une Chambre à soi

Une Chambre à soi - Critique sortie Avignon / 2015 Avignon Théâtre Girasole
Crédit photo : Marie-Hélène Le Ny Légende : La metteure en scène Sylvie Mongin-Algan

Théâtre Girasole / de Virginia Woolf / mes Sylvie Mongin-Algan

Publié le 26 juin 2015 - N° 234

Sylvie Mongin-Algan dirige sa complice Anne de Boissy dans le célèbre manifeste féministe de Virginia Woolf. Au plus près d’une pensée en mouvement. 

Vous liez cette création à la lecture du Rapport Reine Prat*, en 2006. Quel a été votre cheminement, de 2006 à 2013, année de création de ce spectacle ?

Sylvie Mongin-Algan : Suite à la lecture de ce rapport, j’ai participé à un groupe de travail sur les questions qu’il soulevait. J’ai ainsi souvent été amenée à prendre la parole publiquement. Et je me suis rendue compte que sur un sujet aussi important, le risque de dire des banalités était terrible. A chaque intervention, j’ai donc pris l’habitude de lire des extraits d’Une Chambre à soi, développant une grande intimité avec ce texte. Puis en découvrant d’autres œuvres de Virginia Woolf, je me suis mise à entendre la voix d’Anne de Boissy. J’ai alors réfléchi avec elle à un spectacle de lecture-conférence, me demandant si le théâtre était un lieu où une telle pensée en mouvement pouvait se faire comprendre.                                                                                          

Le test a-t-il été probant ?

S. M-A. : Oui ! Nous sous sommes aperçues qu’il y avait une grande jubilation, pour le public, à découvrir cette pensée-là. D’où notre volonté d’en faire une véritable création théâtrale en convoquant d’autres artistes pour la scénographie (Carmen Mariscal), les lumières (Yoann Tivoli), le son (Véronique Dubin), les costumes (Clara Ognibene).

« Anne de Boissy ne compose pas de personnage, elle s’attache à transmettre une langue, un souffle. »

Quel cadre de mise en scène avez-vous imaginé ?                 

S. M-A. : Dans Une Chambre à soi, Virginia Woolf fait comme si elle devait donner une conférence sur le fait que les femmes sont beaucoup moins présentes que les hommes sur les rayons des bibliothèques. Au début de la représentation, on croit ainsi qu’il s’agit d’une conférence, puis on se rend compte, peu à peu, que la comédienne est juchée sur une caisse à savon, dans un parc pour enfant qu’elle va déconstruire… Anne de Boissy ne compose pas de personnage, elle s’attache à transmettre une langue, un souffle. Nous avons cherché, ensemble, à mettre l’accent sur les images poétiques et les chocs sensoriels qui surgissent de cette prise de parole.

Comment avez-vous travaillé « le dire » ?

S. M-A. : Justement en essayant de faire en sorte que la pensée et le sens soient aussi fluides que le sang dans les veines. Il faut que ça circule ! Notre travail a donc été d’éliminer tout ce qui pouvait venir entraver le battement intime de ce texte, son ironie, son extrême intelligence, son esprit subversif.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

* Rapport du Ministère de la culture sur les inégalités, dans le monde du spectacle vivant, entre les femmes et les hommes.

A propos de l'événement

Une Chambre à soi
du samedi 4 juillet 2015 au dimanche 26 juillet 2015
Théâtre Girasole
24 Rue Guillaume Puy, 84000 Avignon, France

Avignon Off

à 15h40. Relâches les jeudis. Tél. : 04 90 89 82 63 et 04 90 82 74 42.

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